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décalages et metamorphoses

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Archives de Tag: Saint-Malo

« Le petit éléphant et la feuille » (Dessins et caricatures n. 45)

16 jeudi Fév 2017

Posted by biscarrosse2012 in dessins et caricatures

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éléphant, Bretagne, feuille, légèreté, poids, Saint-Malo

lelefante-e-la-foglia-001-180 Claudia Patuzzi, collage 2017

« Le petit éléphant et la feuille »

Le 11 février de ce froid 2017, lors d’un moment de mauvaise humeur, tandis que j’étais en train de ranger mon bureau et son chaos assez coriace, j’ai trouvé, parmi plusieurs coupures de journal, l’image (1) d’un petit éléphant qui essaie avec peine de dégager ses pattes juvéniles d’un pantalon gris tout chiffonné et, tout d’un coup, j’ai eu l’impulsion irrésistible de faire un collage : dans ses yeux jeunes, il y avait quelque chose qui me donnait une profonde sérénité ainsi qu’un formidable bien-être…
De quoi s’agissait-il, au juste ? J’ai compris ensuite qu’il y avait en lui un manque absolu d’agressivité : son regard, en contraste avec son poids, était léger et doux comme celui d’un enfant ! Combien différent et éloigné vis-à-vis des regards enragés ou malheureux de notre « temps méchant » !
Automatiquement, sans réfléchir, j’ai filé prendre un cahier que je n’ouvrais pas depuis trois ans, où je garde jalousement des fleurs et des petites plantes séchées de Bretagne et Saint-Malo. C’était comme si le petit éléphant voulait m’y conduire avec la joie naïve de ses yeux, avec son « étrange légèreté ».
Dans le cahier, j’ai trouvé deux feuilles séchées : sur la pointe de la trompe, j’ai posé une feuille ronde, ressemblant à une hostie, ayant une branche subtile et légère pour accompagner dignement le geste subtil et léger du petit éléphant ; à ses pieds, j’ai posé une autre feuille dentelée et finement ourlée, plus grande, ayant la couleur chaude de l’automne. Puis, j’ai pris une autre petite plante séchée, longue et étroite, riche de petites fleurs violettes… Et voilà, mon petit éléphant prend vie, petit à petit, au milieu des couleurs, avec un melon noir sur la tête que je lui ai dessiné !
Avec quel résultat ?
Chaque fois que je le regarde, je suis heureuse.
Ce vieux pantalon humain, chiffonné et gris, ce n’est qu’un vieux et lourd placenta dont on doit se libérer pour retrouver au fond de nous-mêmes la simplicité de la vie, sa saveur toujours neuve même si souvent elle est amère !

Claudia Patuzzi

(1) dans le Magazine du « Monde »

La corneille (Histoires drôles n. 28 )

28 dimanche Déc 2014

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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Èloge des oiseaux, Éditions Allia, corneille, corneilles, Dinard, festival du film britannique, histoires drôles n 28, Hitchcock, Leopardi, Maupassant, Oiseaux, Petites Œuvres morales, Saint-Malo

001_Magenta notte 180

Quelque chose a changé. J’ai compris cela un jour d’août, quand je me suis accoudée sur le balcon tendu vers le boulevard. Un fleuve grouillant de vie, comme le dit Maupassant (1). De là-haut, je peux observer le fleuve vert des platanes centenaires qui s’effondre vers la Place de la République. En bas, sous le balcon, il y a le ruisseau gris et frénétique du trottoir où l’on s’achemine dans le bruissement des passants et des sonneries impérieuses des vélos sur les pistes cyclables. Au milieu, domine le fleuve multicolore des voitures coulantes d’un feu rouge à l’autre, inexorables. Elles sont parfois effleurées par de rares rayons de soleil, capables de dévoiler ce qui n’est pas visible… Y a-t-il des êtres vivants derrière ces feuilles et ces éclairs ? me dis-je, en scrutant ce manège incessant.

002_Magenta1 180

Eh bien, ce jour de août de 2014, un éclair a dévoilé… ce que je n’avais jamais vu auparavant. Quelque chose a attiré mon regard. Un je-ne-sais-quoi de noir ne faisant qu’un avec la vibration d’une branche du platane juste à côté de mon balcon. J’ai levé la tête vers le tronc submergé par le feuillage : au milieu des branches plus hautes, il y avait une masse obscure, assez grande, zébrée par les rayons du soleil. « Un oiseau ? Bien sûr, que non ! j’ai tranché, les hirondelles et les pigeons sont beaucoup plus petits, cette chose-là, au contraire, pouvait mesurer un demi-mètre presque… » J’étais en train de m’élancer encore plus vers l’arbre, quand un rayon de soleil a illuminé cette ombre sinistre… Quand je la vis, j’eus un tremblement : c’était une énorme corneille au grand bec pointu, noire comme du jais. Elle secouait ses ailes en les ébouriffant tout en tordant le cou d’une attitude agressive. La tête penchée vers le trottoir, ses yeux roulants cherchaient quelque chose… J’ai frissonné : derrière ces pupilles rondes et grises, je découvrais l’intelligence qui établit un véritable « plan » stratégique. Soudainement, comme s’il avait deviné ma pensée, l’oiseau hérissa ses plumes, tout en bougeant de façon imperceptible. Ensuite, il s’arrêta pour mieux me fixer, immobile…
En cet instant, j’ai perdu toutes mes certitudes. J’ai reculé brusquement du garde-corps et, sans m’en apercevoir, j’ai touché ma tête pour la protéger. Est-ce que cette bête-là voulait m’attaquer ? D’un bond, j’ai couru vers la porte-fenêtre avant de me barricader dans mon appartement.
Où est-il fini l’éloge joyeux des oiseaux de Leopardi ? (2) Le canari agile et pourtant fragile de ma jeunesse ? Peut-être Hitchkock avait-il raison…

003_Statua-180 Version 2

Alfred Hitchcock
Réalisateur anglais
(1899-1980)
Statue inaugurée le 8 octobre 2009
par Marius Mollet, maire
lors du XXème Festival du Film Britannique
de Dinard
Le Hitchcock d’or, trophée du Festival
« Œuvre du sculpteur Lionel Ducos »

L’été dernier, j’étais à Saint-Malo. Et je me suis rendue, naturellement, à Dinard, où le grand réalisateur anglais a tourné « Les oiseaux ». Cette statue est une époustouflante confirmation moins de sa célébrité que de sa prévoyance vis-à-vis du changement (unidirectionnel ?) de notre monde : humain, animal et végétal… peut-être, le monde en connait beaucoup plus que nous…
Dans un article de Jean-Michel Normand sur le Parisien, titré « Hitchcock passe-t-il l’été à Paris ? » (3) on lit :
« Après les rats des pelouses du Louvre, une autre espèce perturbe l’été des Parisiens : les corneilles. Plusieurs promeneurs ont été récemment victimes d’attaques en piqué, en particulier dans le parc de la Cité universitaire, et une quinquagénaire a dû être hospitalisée une journée… La ville de Paris prévoit des « effarouchements » et des destructions de nids en guise de représailles contre ces oiseaux qui devraient être classés prochainement  espèce nuisible ».

Claudia Patuzzi

(1) « Le boulevard, ce fleuve de vie, grouillait dans la poudre d’or du soleil couchant . Tout le ciel était rouge, aveuglant ; et, derrière la Madeleine, une immense …»,  dans la nouvelle « Tombouctou ». 

(2) « Enfin, comme Anacréon, qui désirait se changer en miroir pour être sans cesse contemplé par celle qu’il aimait (…) de même, moi, je voudrais un moment me transformer en oiseau pour connaître le contentement et la joie qu’ils éprouvent à vivre. » Giacomo Leopardi, Èloge des oiseaux, dans Petites Œuvres morales (Milan,1827). Traduit de l’italien par Joël Gayraud et Eva Cantavenera, Èditions Allia, 2007.

(3) Article publié dans L’Obs le 14 août 2014 et cité dans « Le Magazine  du Monde.»

(toutes les photos sont agrandissables)

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