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décalages et metamorphoses

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Archives de Tag: rue de Turenne

Vie d’une fontaine 1-2 (histoires drôles n. 29 )

01 jeudi Jan 2015

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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après 7 et 9 janvier 2015, archanges urbains, Fountaine Boucherat, Je suis Charlie, Marais, quatrième métamorphose, rue Béranger, rue Charlot, rue de Turenne, Temple

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La fontaine entre rue Charlot et rue de Turenne (Temple)

Depuis deux ou trois ans, tous les jeudis je me rends dans un bistrot au cœur du IIIe arrondissement où se donnent rendez-vous les membres d’un cercle littéraire dont je fais partie. Chaque jeudi matin, qu’il y ait le soleil, la pluie ou la neige, je parcours — si la bronchite m’y autorise — la rue Béranger (1) jusqu’au croisement entre rue de Turenne et mon adorée rue Charlot. Chaque fois, je m’arrête à regarder une gracieuse fontaine à sec avec une inscription au-dessus, « fontaine Boucherat » ne faisant qu’un avec une affiche récemment ajoutée : les livres sous le bras, un garçon d’à peu près douze ans est en train de se rendre à l’école. Apparemment, on est à l’époque où l’on appelait Paris « ville lumière ». Avec le temps, je me suis attachée à cette image s’harmonisant si bien avec la vieille fontaine. Moi-même, à combien de jeunes connus dans mon lycée suis-je encore liée ! La mémoire à la force impétueuse d’une fontaine inépuisable…Chaque fois, au croisement, je cherchais le garçon aux bottes, son paletot plein de boutons, son béret et son cartable en bandoulière. Jusqu’au jour de 2013 où j’ai sursauté, interloquée.Du jour au lendemain, au petit étudiant zélé on avait enlevé la tête !

002_senza testa180- 2

Des inscriptions indéchiffrables de peinture blanche salissaient le paletot noir. La botte droite avait été arrachée avant d’être recouverte par une autre inscription. Quant à la tête, il ne restait que le menton…

003_senza testa-rovinata180

En 2014, l’état de l’affiche a progressivement empiré. Peu de temps après, tandis que les passants commençaient à s’inquiéter de sa survie, ce « tableau vivant » était visiblement à bout de souffle. Une main inconnue (la même qu’auparavant ?) avait déchiré la partie inférieure du paletot, tandis que d’autres minuscules affiches — un carré vert sur le cœur de l’enfant et un petit blason rouge à la place de sa tête — abîmaient la petite veste et la fontaine… Mais le vandale inconnu, encore insatisfait de son œuvre, avait ajouté, derrière le paletot de ce pauvre garçon, une fleur en forme de queue, à son tour détendue sur un visage féminin. Juste une ébauche à peine esquissée… Et je n’arrive pas encore à comprendre cette inscription… : « DISGRAOe » ?

004bis_part.senza testa180. - Version 2Voilà une vision rapprochée du troisième stade — assez proche à la mort humaine !

005_douple face vetro 180

Mais notre vie, avec le temps et les années — …2013, 2014, 2015… — ne subit-elle pas, elle aussi, jusque dans ses chairs les plus délicates et intimes, d’horribles blessures, d’obscures déceptions ? Lorsqu’il s’agit de découvertes que nous voudrions oublier, de mots que nous n’aurions pas voulu entendre, de corps que nous n’avons plus la force de regarder… ? Ne serai-je pas, moi aussi, une affiche défigurée par la violence de l’homme et du temps ? Non, je ne me laisserai pas réduire comme ce pauvre petit écolier, comme cette pauvre fontaine une fois si belle, maintenant défigurée et à sec ! J’observerai les autres vies au-delà de la vitre et je rêverai, comme cette enfant à la robe céleste… Je demeurerai en équilibre précaire sur un gouffre, protégée par des chaussures solides, comme cette jeune femme sans crainte. Enfin, je lèverai la tête et je hurlerai, je hurlerai, je hurlerai…

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(Les photos sont toutes agrandissables)

UN BON 2015 À TOUS !!!!!

Claudia Patuzzi

(1) La rue Béranger est une rue situé à l’extrémité nord du quartier du Marais, proche de la place de la République.

P.S. Après les tragiques évènements de 7 et 9 janvier 2015, la fontaine Boucherat  a subi un nouveau changement, témoigné par la photo suivante : 

fontaine180 avec Charlie 2

(cliquer pour agrandir la photo)

On assiste à une double métamorphose : à droite on voit l’inscription « archanges« , au centre un ange, et, à son coté le mot « URBAINS » (archanges Urbains ?); On y reconnaît aussi l’expression « Je suis Charlie » et, sur le fond bleu foncé, d’étranges objets volants… des bombes ? des missiles? des voyages imaginaires dans le futur ? Un cri de douleur? Une espérance ?

Même si l’histoire emmène des changements soudains, Paris continue à vivre « sa nuit » dans un mouvement incessant. Si on fait attention, on peut entendre partout – dans le métro, dans les rues, dans les jardins – le piétinement de pas invisibles, des mouvements feutrés et glissants, le froissement de pinceaux en train d’accrocher des affiches sur les murs déchirés, dénudés et, finalement, métamorphosés… La nuit est grande. La nuit est profonde. Étrangement longue pour ceux qui rêvent plongés dans leurs désirs ou qui n’arrivent jamais à dormir… Combien de pas se faufilent au-dessous des arches et de galeries, à côté des égouts ! Combien d’ombres, de douleurs et de songes se cachent derrière cette vie noire et inconnue !

Claudia Patuzzi (8 février 2015)

La petite histoire de l’arbre triplé (histoires drôles n. 23 – poésie n. 2)

30 vendredi Mai 2014

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles, poésie

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Café des Musées, histoires drôles n 23, La petite histoire de l'arbre triplé, Paris temple, poésie Solidité, rue Béranger, rue Charlot, rue de Franche-Comté, rue de Turenne

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Rue de Turenne : « Le café des Musées« . (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Tous les jeudis matin je traverse d’un pas parisien le quartier du Temple jusqu’au bistrot « Le café des Musées », « siège » de mon cercle littéraire. Tous les jeudi, soit en allant, soit en revenant, je fais le même parcours, je longe ou traverse les mêmes rues, j’observe les mêmes boutiques ou magasins, les mêmes enseignes. Un itinéraire ennuyant ? Désolée, mais je dois vous répondre par un « NON » tout à fait convaincu !
Si vous voulez en savoir le pourquoi, je vous expliquerai cela par une petite histoire à la La Fontaine, mais sans animaux. La petite histoire de « l’arbre triple »…

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L’arbre nu d’hiver : 12 janvier 2014 (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Un froid jeudi de janvier, dans la rue de Franche-Comté, située entre rue Béranger et rue Charlot, je découvre un petit arbre adossé à une paroi constellée de trompe l’œil : des fenêtres illusoires se confondent avec celles qui s’ouvrent vraiment, un faux balcon s’ajoutant à ce décor discret dans un jeu de miroirs assez équilibré. Le petit arbre est complètement nu. Ses branches cherchent l’étreinte avec leur paroi-mère (cachant une école élémentaire) avec le même élan désespéré d’un enfant refroidi.

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Arbre fleuri du Printemps, 25 avril 2014 (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Deux mois depuis, dans un tiède jeudi d’avril, j’ai un sursaut : l’arbre est devenu un bouquet rose-violet recouvert de petites fleurs. Un miracle…

003_verde180

L’arbre vert du mois de mai (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Lors d’un chaud jeudi de mai, je le découvre, à l’improviste, verdoyant, chargé de feuilles fraîches comme une somptueuse perruque de la Renaissance…

004finestre180cielo

Le ciel bleu du mois de mai. (cliquer pour agrandir l’image)

Le printemps joue à cache-cache avec l’hiver, les couleurs s’alternent dans des rondes joyeuses.
La paroi joue à colin-maillard avec les fenêtres vraies-ou-fausses, avec leurs ombres noires ou claires…
Enfin, le ciel bleu indigo entoure la façade double-face, où l’illusion dépasse la réalité… Il ne reste, au final, que ce ciel effrontément bleu, là-haut, au-delà de la ligne claire de la paroi, se prolongeant bien plus loin que le marge de la photo. Un « ciel » absolument parfait… et, au-dessous, ce petit arbre… et puis, de nouveau les nuages et la pluie…
Quien Sabe ?

005_tronco180Un tronc d’arbre, décembre, 2013 (cliquer pour agrandir)

Petit éloge de la solidité (1)

Mon corps.
Mes yeux.
Un tronc d’arbre.
Une pomme sur une étagère.

Pouvoir toucher, humer,
savourer
en pouvoir saisir l’épaisseur
– lisse, rugueux,
dur, doux –
pouvoir en percevoir
la forme, l’halo enivrant
de leur odeur
l’invisible poussière
qui les assiège
l’ombre certaine
accompagnant depuis toujours
le brouillard absurde
de leur mystère.

Pouvoir apprécier
la solidité de la mer et du soleil,
l’immuable spirale des changements
des couleurs
la force incessante
de l’eau, de la chaleur,
dans le kaléidoscope des illusions
et de la réalité.

Enfin, la caresse
des petites choses quotidiennes
(impassibles soldats
d’étain)
témoins bénévoles
de notre glissement
imperceptible…

Des louanges à toi, solidité,
grand théâtre du monde !

Claudia Patuzzi

(traduction de Giovanni Merloni)

(1) texte en Italien

 

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