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décalages et metamorphoses

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Archives de Tag: Rue de Remorqueur

La Chaussée d’Alsemberg I/V (Zérus – le soupir emmuré n. 38)

27 dimanche Oct 2013

Posted by claudiapatuzzi in zérus, le soupir emmuré

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bruxelles, Chaussée d'Alsemberg, Francesco Petrarca, henriette, oncle Léopold, Rolando, Rue de Remorqueur, tante Germaine, Zérus le soupir emmuré 38

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La Chaussée d’Alsemberg I/VI n.38, traduction et nouvelle adaptation de La stanza di Garibaldi, pp 155-158, Manni Editori, 2005, ISBN 88-8176-692-2. Le roman a été traduit en français sous le titre provisoire de Zérus – le soupir emmuré. Tous les droits sont réservés. Pour ce roman Claudia Patuzzi a été sélectionnée pour le prix Strega 2006.

Rolando est allé à la source prendre de l’eau. Après son départ, tous les bruits ont cessé et l’après-midi s’écoule lentement.
J’ai les jumelles de Niba dans les mains. D’ici peu, Sirius surgira de la mer, on verra la Grande Ourse et l’étoile Polaire. La paix du crépuscule tombera sur le grand pré dans une lumière lactée et incandescente. Puis le moment viendra de compter les étoiles, le moment de la contemplation patiente et amoureuse. De l’autre côté de la petite tour, je me délecte d’une lune turque qui se couche rosée sur la mer quand il y a encore de la lumière… mais c’est un paysage qui a quelque chose de faux qui m’aveugle. Je pose les jumelles et je détourne les yeux. Cette paix ne correspond pas à mon esprit. Je suis arrivé aux chapitres centraux, ceux de la Grande Guerre. Il n’y a pas eu de Pétrarque pour dire « Voyez, seigneur courtois, de quelles insignifiantes raisons une guerre cruelle peut naître? »[1]  Le temps de la courtoisie est fini pour toujours et la guerre en soi est horrible. Peut-être devrais-je faire comme Niba, tourner les jumelles de l’autre côté, rapetisser les choses pour ne pas avoir honte et ne pas sentir l’odeur poisseuse du sang. Alors que j’écris sur la guerre, j’assiste, impuissante, aux événements qui se précipitent. L’Histoire avance au hasard comme le bouchon d’une bouteille sur le point d’exploser : tu ne sais jamais où il va tomber. Il a dû se produire la même chose pour mon oncle Ghislain. La guerre le jeta comme un projectile de la rue du Remorqueur dans une rue lointaine et inconnue…

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On frappe à la porte. C’est Henriette. Elle a un bâton dans la main droite dont le manche porte un filigrane d’or. C’est le bâton de promenade de son père, Niba. Un substitut moderne du fusil et du fleuret que mon grand-père faisait pirouetter avec l’adresse d’un jongleur. Ce n’était pas lui qui avait besoin d’un soutien, c’est le bâton qui jouissait de ses promenades. C’était un bâton fidèle. Il l’attendait chaque matin dans l’entrée comme un chien qui attend pour sortir.
Ce bâton est finalement revenu d’une longue léthargie. Après quarante années de sommeil, il s’est soumis au contact tremblant d’Henriette, la soutenant comme un treuil dans ses trajets confus. Mais Henriette n’empoigne pas seulement le bâton. De la main gauche, elle soulève une boîte à chaussures.
— Regarde ce qu’a fait le coucou ! chuchote-t-elle terrifiée.
— Qu’a-t-il fait ?
— Il est méchant, il l’a fait tomber du nid.
Je regarde dans la boîte. Dans un coin, un petit oiseau à peine né. Les murs de carton sont recouverts d’ouate. Un petit verre de liqueur contient une goutte d’eau trouble. Une aile est pliée en deux comme une oreille de papier.
— Le coucou s’est amusé à le jeter en bas, mais il ne l’a pas tué…
L’oisillon, la tête sous l’aile, est blotti dans une pose inhabituelle. L’œil fermé et dépourvu de cils est le même que celui de ma grand-mère Eugénie quand elle mourra, le tremblement et l’aspect ressemblent en revanche à ceux d’un pauvre orphelin abandonné, à mon oncle Ghislain…

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La Chaussée d’Alsemberg

Fin août 1915, Ghislain se trouvait à Uccle, à la pointe sud du Pentagone, à une bonne demi-heure de marche du cœur de Saint-Gilles, perdu à la périphérie de la très longue chaussée d’Alsemberg, dans la maison de son oncle Léopold.
Le vieil appartement de la rue du Remorqueur était resté à la tante Germaine qui, comme une vestale armée, veillait à la défense du grenier et du grand lit de fer. Pendant trois longues années, Ghislain perçut ce lieu comme son seul refuge au milieu d’incessants changements. Maintenant qu’il avait perdu sa mère et sa sœur Henriette, Germaine ne représentait pas seulement ce qu’il lui restait de son passé, elle lui apportait aussi apaisement et réconfort. Chaque dimanche, essoufflé, il parcourait les deux kilomètres de la chaussée d’Alsemberg. Arrivé place Albert, il humait l’air ancien du quartier et déviait à l’est vers la place Paul Janson, pour s’aventurer, le cœur serré, dans les ruelles tortueuses du quartier populaire situé entre la chaussée d’Ixelles et le parc Léopold.
La tante l’attendait à la fenêtre du troisième étage. « Cours, Ghislain, cours ! » hurlait-elle en le voyant apparaître à l’angle de la brasserie. Il inspirait l’air une dernière fois, puis dans un effort de volonté il s’aventurait dans l’escalier jusqu’à plonger son visage dans les formes maigres et osseuses de Germaine. « Alors ? » demandait-elle. Ghislain lui tendait une photographie d’Eugénie avec une inscription au crayon dessous : « Aime bien ta maman et tu seras heureux ! » Elle était datée du 3 octobre 1915. « Heureux ! Comment pouvait-il être heureux ? Il ne faisait rien d’autre qu’attendre des lettres avec l’angoisse d’un condamné ignorant sa sentence… »
Germaine jetait un œil sur l’enveloppe marquée d’un timbre suisse, puis lui donnait la clé du grenier et un plumeau pour la poussière.
— Pendant que je prépare le repas, tu peux monter, murmurait-elle.
Ghislain faisait tourner les clés dans la serrure et tout de suite après devant ses yeux apparaissaient les fleurs bleues de l’aconit, le paravent bleu et les trois « photographies » de Niba. Le télégraphe-jouet était toujours prêt du lit, sans un grain de poussière.
C’était lui qui chaque dimanche dépoussiérait tous les objets et comme s’il dansait, il s’arrêtait un instant sur le chintz, sur le berceau d’Henriette, sur le dossier en fer. Quand le plus petit grain de poussière avait disparu, il enlevait ses chaussures, son pull-over en laine et son pantalon et il se mettait sous la courtepointe. Tandis que le vent sifflait derrière la vitre du tympan, il fermait les yeux et se plongeait dans le bleu du ciel de la chambre, dans un monde de caoutchouc et d’eau tiède. Quand le bien-être l’envahissait, il se donnait de longs baisers au creux de l’avant-bras, ou bien sur la partie intérieure du poignet, là où les veines vibraient avec toute la force du désespoir. Ce n’était pas lui, mais les lèvres de sa mère qui effleuraient sa peau sèche comme un désert. Dans ce lit, dans cette couverture soyeuse, Ghislain retrouvait la tiédeur perdue de son corps ou imaginait le pathos qu’auraient créé en elle ses funérailles : sa mère, bouleversée par les larmes et par la douleur, embrassait son visage rendu froid par le « rigor mortis » le recouvrant de baisers voluptueux… Depuis ce grenier, à des milliers de kilomètres de distance, il ressentait avec une jouissance à la fois sadique et innocente ses hurlements agonisants alors qu’elle était sur le point de s’évanouir — ses longs cheveux défaits sur lui —, qu’elle criait son prénom…
Dans cette béatitude, il s’assoupissait durant quelques minutes.

Claudia Patuzzi


[1] “Vedi, signor cortese, di che lievi cagion che crudel guerra ?” Francesco Petrarca, Canzoniere, CXXVIII, vv. 10-11.

Annibale Fata IV/VI ( Zérus – le soupir emmuré n.30 )

12 samedi Oct 2013

Posted by claudiapatuzzi in zérus, le soupir emmuré

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23 août 1914, Annibale Fata, bruxelles, ghislain, Rue de Remorqueur, zérus 30, Zérus le soupir emmuré

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Madame Slutter, Annibale Fata, Eugenie, Germaine et Ghislain vont vider le grenier. (Dessin de Claudia Patuzzi – cliquer pour agrandir la photo)

Annibale Fata IV/VI, n.30, traduction et nouvelle adaptation de La stanza di Garibaldi, pp. 129-131, Manni Editori, 2005, ISBN 88-8176-692-2. Le roman a été traduit en français sous le titre provisoire de Zérus – le soupir emmuré. Tous les droits sont réservés. Pour ce roman Claudia Patuzzi a été sélectionnée pour le prix Strega 2006.

Un dimanche matin, le 23 août 1914, trois jours après le mariage d’Eugénie avec Annibale Fata, madame Slutter se leva péniblement de sa chaise. Dans un craquement d’os considérable, elle regagna instantanément les dix centimètres qu’une seule journée avait réussi à lui faire perdre ; elle piqua avec une épingle sa chevelure biblique et gravit les escaliers du quatrième étage, boitant et branlant comme un boudin de gélatine vers la volière-cimetière.
Derrière elle, Ghislain vit Niba, sa mère et Germaine formant une espèce de procession rabbinique. Ils entrèrent chacun leur tour dans le grenier et firent sortir, comme d’une bouche cariée, le monstrueux enchevêtrement des cages. Pendant un après-midi entier, ce grenier vomit toute sorte de produits métalliques, de semences, des cuvettes moisies et des journaux jaunis, et finalement tout — y compris le guano — disparut dans le néant.
Tard le soir, Ghislain vit son nouveau père, debout au centre du grenier, effleurant de la tête les poutres de la soupente.
— Nous vivrons tous les trois ici, Ghislain. Avec les Allemands en ville c’est plus sûr, dit Niba, mais d’abord nous repeindrons la pièce et collerons aux murs un nouveau papier.
Ghislain poussa un soupir de soulagement : ce bien-être qui après les années parisiennes avait disparu de sa vie semblait réapparaître sous les traits rassurants de Niba. En un éclair, étagères, lits, fauteuils, tables de nuit, armoires, jouets, crayons de couleur trouvèrent leur place dans cette nouvelle demeure. Ghislain ne perdit pas de temps à se demander où son nouveau père trouvait tout cet argent, il se laissa aller à un frisson de bonheur… À la fin de cette fantaisie, après avoir lancé à Niba un regard reconnaissant, il avança en rampant jusqu’au tympan qui s’ouvrait sur la rue comme l’oeil de Dieu sur le monde. De là, il put embrasser dans un cercle parfait un coin de vert feuillage du parc Léopold plongé dans l’ombre.

Ils vécurent dans cette soupente pendant un an. La chambre à coucher du vieil appartement était maintenant occupée par la tante Germaine, tandis que la cuisine faisait fonction de salle commune. Durant les premiers mois du mariage, cette modeste petite famille fit tout pour ramener la guerre au rang de tragédie passagère.
Le soir surtout, quand Eugénie rentrait du magasin de mode et que Germaine, les bras chargés de petits chapeaux, revenait elle aussi du travail, on improvisait autour de la table de miraculeux dîners que la touche de Niba rendait encore plus appétissants. En ces occasions, Ghislain découvrit l’arôme intense du romarin et celui encore plus spécial du basilic. Quelques convives de passage, soupirants de la tante Germaine, jouissaient de ces gloutonneries arrosées de bouteilles de Chianti.
Grâce à Niba, leur table attirait toutes sortes d’invités : vendeurs d’étranges machineries, électrotechniciens, industriels, acheteurs de fusils de chasse, escrimeurs, alpinistes avertis, gros brasseurs et jeunes prétendants de Germaine impliqués dans d’obscures firmes commerciales. Quand ils repartaient, la ceinture allongée d’un ou deux centimètres, Geny et Niba interrogeaient du regard Germaine qui secouait la tête, inconsolée : non, ce n’était pas le bon.
Le nouveau papier peint de la soupente était d’une couleur blanc acide où surnageaient, dans diverses formes liberty, les grappes bleues d’aconit vénéneux. Ghislain chercha en vain parmi ces fleurs le petit tableau d’Icare. Où sa mère l’avait-elle mis ? Il avait fouillé dans l’armoire, dans les valises et dans les sacs et n’avait rien trouvé. S’il faisait allusion à cette « chute », Eugènie faisait mine de n’avoir rien entendu, puis elle éclatait :
— Je l’ai perdu, je ne l’ai plus, Ghislain ! Elle mettait ainsi un terme définitif à cette conversation.Un paravent à trois panneaux séparait le lit de Ghislain de celui de ses parents. Cette fois, au-delà de cette cloison, il n’y avait pas de baldaquin d’or pour troubler ses rêves, mais l’habituel grand lit aux barreaux de fer recouvert d’une courtepointe de chintz. Quand la nuit tombait, les silhouettes d’ Eugènie et d’Annibale Fata dessinaient de subtiles ombres chinoises derrière les panneaux, projetant de longs profils sur les feuilles de palme de l’aconit. Ghislain suivait en silence la douce fusion qui se divisait et s’unissait s’abandonnant peu à peu à la tiédeur d’un sommeil profond comme jamais, si profond que durant toutes les nuits de cette année-là, le fantôme de son père n’osa plus le déranger.

Claudia Patuzzi

Rue du Remorqueur V-VII/XI (Zérus – le soupir emmuré n. 24)

01 mardi Oct 2013

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bruxelles, ghislain, la stanza di garibaldi, Rue de Remorqueur, Ursula Slutter, Zérus le soupir emmuré

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Rue de Remorqueur V-VII/XI, n. 23, traduction et nouvelle adaptation de La stanza di Garibaldi, pp. 101-103, Manni Editori, 2005, ISBN 88-8176-692-2. Le roman a été traduit en français sous le titre provisoire de Zérus – le soupir emmuré. Tous les droits sont réservés. Pour ce roman Claudia Patuzzi a été sélectionnée pour le prix Strega 2006.

Par chance, Ghislain trouva qui pouvait le consoler et lui faire oublier les heures passées entre les murs de Saint-Georges. Ce fut une guenon à poil vert dénommée Max qui égaya son enfance de réfugié. Le nom — MAX — avait été donné par quelques esprits inexpérimentés, jusqu’au jour où, en soulevant la queue, ils virent qu’il s’agissait d’une femelle. La maîtresse de la guenon et de l’appartement était une Flamande opulente qui s’appelait Orsola Slutter. Elle vivait dans une espèce de cave au-dessous de l’escalier d’entrée. Une petite fenêtre semblable à un évent, munie de barreaux, donnait sur le trottoir permettant aux passants de lorgner la pauvre bête liée par une petite chaîne à une ceinture en cuir. Souvent, Max s’accrochait jusqu’à cette meurtrière dans une mauvaise odeur de brocolis et elle serrait les pattes autour des barreaux. D’autres fois, elle restait attachée devant un porche à côté des escaliers.Ghislain était heureux quand madame Slutter n’était pas là. Il descendait sous un prétexte quelconque dans la soupente. Après un instant d’hésitation, la guenon montait sur ses épaules, et jouait avec ses cheveux. Puis elle sautait de l’autre côté. Si Ghislain du haut du deuxième étage criait : — Max ! elle se mettait à glapir comme un chien en empoignant la rambarde de fer. Au fil du temps, cette guenon bizarre devint un compagnon de jeu en hérissant la queue sur la droite pour dire oui ou à gauche pour dire non.
À part l’amitié avec Ghislain, Max ne s’entendait avec personne et soufflait comme un chat devant chaque étranger qui s’introduisait dans la maison. Sa maîtresse s’emportait en disant : — Maintenant, tu vas avoir affaire à moi ! Et elle l’emmenait dans la cave. Après quelques minutes de silence, la cravache sifflait dans l’air, tandis que les hurlements de Max déchiraient la tranquillité de la vieille maison. Ces cris rappelaient à Ghislain le hurlement muet, mais tout aussi ardent, sur les lèvres de son père. Il se bouchait les oreilles, mais en vain : l’odeur de la mort revenait à son esprit perdu entre mille pourquoi. Alors pour ne pas l’entendre il s’échappait en courant dans le grenier parmi les volières des pigeons.

Les hivers rue du Remorqueur se partagèrent entre sous-sol et grenier. Dans ce lieu, à peine éclairé par l’œil du tympan, Ghislain avait appris à parler avec les pigeons. Il restait là à regarder les reflets de leurs plumes, tantôt irisés et tantôt métalliques, ou bien il se laissait bercer par le frémissement de leurs ailes en observant la couvaison de leurs œufs.
Bertrand, le mari de madame Slutter, s’occupait de l’élevage des pigeons. Dans cet espace étroit, il avait rangé quatre volières. La plus petite, en pur laiton, contenait quelques rares pigeons de luxe : les cravatés, les pigeons trembleurs et les frisés ; dans une quatrième volière, décorée de feuilles et de vrilles en fer, il y avait une dizaine de pigeons voyageurs.
— Celui-ci, gris clair avec des tiquetures noires sur les ailes, est un pigeon très rapide. Il vole à soixante kilomètres à l’heure et s’appelle Blue. Cet autre, couleur de cendre et de plomb avec quelques nuances de violet, est le meilleur de tous les pigeons de fond. Il vole à cent kilomètres à l’heure et s’appelle Gris…
— Ils savent porter les messages ?
— Bien sûr ! et Bertrand montrait à Ghislain des étuis grands comme des jouets.
— Et ils reviennent toujours ici ?
— Bien sûr, ce sont des pigeons belges, les meilleurs du monde.
— Mais ils ne font pas de concours ?
— C’est un élevage secret. Mes pigeons ne sont pas marqués.
— Et alors, ils ne peuvent pas voler ?
— Seulement si c’est moi qui les fais voler. Parfois, je les prête, si j’en ai envie.
— Et l’on te paie ?
— Bien sûr qu’on me paie, sifflait Bertrand à travers son dentier, pour se pencher ensuite sur Ghislain et murmurer :— Ne le dis à personne ou Bertrand te punira.
— Je le jure.
— Jure-le sur ta mère.
— Non, je le jure sur ma grand-mère.
Quand Max hurlait, Ghislain s’enfuyait chez Bertrand, se blottissant entre les cages pleines de guano et les cuvettes aux eaux troubles. Bertrand commençait à lui raconter des histoires de pigeons croisés arrivés agonisants à Saint-Jean d’Acre. Puis il mimait d’émouvantes histoires d’amour entre un pigeon de fond belge et une pigeonne biset italienne. Pour finir, il décrivait avec de grands gestes les vicissitudes de pigeonniers militaires où quelques pigeons allemands s’étaient mutinés à cause des mauvais traitements et de la nourriture insuffisante. Entre temps, madame Slutter cuisinait de gros pigeons savoureux et Gény criait en bas dans les escaliers :
« — Dépêche-toi, Paul, dépêche-toi, le dîner est prêt. »

Claudia Patuzzi

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