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Archives de Tag: Paris

Italo Calvino : un infatigable rêveur (dessins n. 8)

02 vendredi Mai 2014

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Giacomo Leopardi, italo calvino, New York, Paris, Rome

calvinocl-180 - Version 2

Paris, 2013 janvier
Mes chers amis, j’ai découvert par hasard ce croquis au stylo de Italo Calvino, accompagné par cette petite dédicace que je lui ai idéalement consacrée, que j’avais écrite l’année passée sur la première page blanche du « Baron perché ». Figurez-vous, j’avais tout oublié !
Je dois l’admettre : j’ai le vice de laisser une trace de mon passage sur les livres que je ne peux ou je ne veux pas oublier…

Dédicace

Un nouveau rapprochement
à mon jeune vieux Calvino
en terre « étrangère »,
dans la terre de Queneau.
Comme « Leopardi »,
il est un petit dieu tutélaire perplexe,
un raisonneur acharné
ainsi qu’un infatigable rêveur
de la vie et
de la mort.
éternellement inquiet,
mécontent, amoureux de
Rome et Paris
Paris et Rome… et
New York !

Claudia Patuzzi

Alberto Giacometti (dessins et caricatures n.4)

04 vendredi Avr 2014

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

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14° arrondissement, 1968, Alberto Giacometti, Borgonovo, dessins n.4, francis bacon, Jacques Dupin, Paris, rue Hippolyte-Maindron n.46, Sartre, Stampa, Thierry Dufrêne, Val Bregaglia

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Claudia Patuzzi : Albero Giacometti, crayon, Rome, 1968. (cliquer pour agrandir l’image)

Ce dessin d’Alberto Giacometti est accroché sur la paroi juste au-dessus de mon bureau, à côté du portrait d’Utrillo : un couple inséparable ! Il suffit que je lève les yeux pour les voir devant moi, avec leurs regards impénétrables et profonds. Deux dieux tutélaires ? Giacometti était mort en janvier 1966. Deux ans depuis, en 1968, j’eus l’impulsion de dessiner son visage, symbole d’une époque (les titres sur les journaux en reflètent les évènements cruciaux : la mort de Luther King ; le Vietnam ; le phénomène hippy ; l’amour libre ; les mots comme « dévaluation », « paix », « vérité », « guerre »… ) Mais Giacometti va largement au-delà de son temps dans sa lutte incessante pour « redécouvrir » la figure humaine, son essence cachée, creusée dans les coins les plus éloignés de la matière: l’éclat de la vie…

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( cliquer sur la photo pour l’agrandir )

En octobre 1965, quelques mois avant sa mort, sur le bateau qui le ramène de New York en Europe, Giacometti écrit en « Notes sur les copies » : « Je ne sens que la mer qui m’entoure, mais il y a aussi le dôme, la voûte immense d’une tête humaine » (note 1 : Thierry Dufrêne, Giacometti – Les dimensions de la réalité, Skira, Genève, 1994, p.184)

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 L’atelier 46 rue Hippolyte-Maindron, 14° arrondissement de Paris (cliquer pour agrandir)

« Le regard dominateur de Giacometti…  regarde ma tête dans l’espace réel  et, presque à la même seconde,  une autre tête, la même et une autre, en train de se construire sur la toile. Le même geste d’Alberto les fait grandir ensemble, grandir et se dévorer, en augmentant la distance qui le sépare de lui… un gouffre… » (note 2 : Jacques Dupin, Alberto Giacometti, Éclats d’un portrait, éditions André Dimanche, septembre 2007, p. 39)

À Paris, en 1941, Giacometti rencontre Sartre, professeur au lycée Pasteur et déjà écrivain de La nausée. De ce moment le philosophe suivra l’œuvre de l’artiste jusqu’à sa mort. Pour Sartre, Alberto « dégraisse l’espace », conférant aux visages – des « fétiches naturels »- la transcendance visible, à mi-chemin entre l’être et le néant » (note 3 : Thierry Dufrêne, ibidem, p.152) 003_Giac volto600

« Ce qui m’intéresse le plus dans une tête… ce sont les yeux. Quand on regard un homme, on regarde toujours les yeux. Même quand on regarde un aveugle, on regarde la place des yeux, comme si on sentait les yeux derrière… Ce sont les yeux, le regard qui comptent le plus dans un visage. Toutes les autres formes  sont plus ou moins floues et indécises. » (nota 4 : Jacques Dupin, ibidem, p.67.)

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« Il cherche d’attraper dans le vide le fil blanc invisible du merveilleux » (nota 5: Ibidem, p. 77)

« Sa tête acquiert ainsi sa mutité résonnante si paradoxale qui s’oppose au cri bouche ouverte des têtes de Francis Bacon » (nota 5 : Thierry Dufrêne, ibidem, p.166)

006_Giac-600 scjpg « Le peintre est en avant, occupé à une révélation scabreuse infinie par une pénétration acharnée de l’inconnu qui barre le chemin » (nota 6: Jacques Dupin, Ibidem, p. 74) 007_Stampastudio180

Alberto Giacometti dans sa maison à Stampa, dans le Val Bregaglia, le village de la Suisse italienne où il avait passé son enfance. Il a été enterré dans le cimetière de San Giorgio près de Borgonovo. Le corbillard était tiré par le seul cheval du village. Les habitants du Val Bregaglia étaient venus en foule, rejoints par un grand nombre de visiteurs, des officiels et des amis…

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 Alberto Giacometti sur la terrasse de sa maison à Borgonovo.

Claudia Patuzzi

014_Le rideau du ciel (histoire drôles n. 16)

19 samedi Oct 2013

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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boulevard Saint Martin, graffiti, intervalles 3, Jane Eyre, la rideau du ciel, Paris, Virginia Woolf

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Un graffiti (Bruxelles, dans un petit restaurant du quartier de Marolles)

Les enfants n’oublient pas. (1) Qui a dit cela ? Ce n’est pas important.  Ce qui compte, c’est la « chose » ou l’image qu’ils n’ont jamais effacée : l’instant fossilisé dans leurs cœurs telle une pierre qui ne cesse de dégager de la chaleur  pendant toute leur vie.
Je n’ai jamais oublié la « chaleur » de la fenêtre et des rideaux. La fenêtre a toujours été pour moi un étrange miroir ; un tableau peuplé de gnomes. Mon grand œil les observait d’en haut par un regard timide, de biais. J’étais un Dieu invisible.
Et les rideaux ? Ma fenêtre possédait  de longs rideaux blancs effleurant le sol d’un souffle léger. Souvent, je me vautrais dans leur blancheur comme un ver à soie. J’étais une momie ou peut-être une nymphe.  Quand grand-mère me raconta l’histoire de « Jane Eyre »,  un rideau de velours rouge avec une main méchante nourrit mes cauchemars par une régularité intermittente : les fables sont vraies. Elles respirent. Elles bougent.

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Boulevard Saint Martin (photo de Claudia Patuzzi, cliquer pour l’agrandir)

Maintenant, coincée dans ma cuisine, je me laisse intriguer par le souvenir d’une promenade interrompue… C’est au-dessous des ombres du boulevard Saint-Martin, j’observe les choses et les gens de près… Mais voilà, une image m’emprisonne dans sa chaleur brûlante… Derrière un enchevêtrement d’arbres sombres, j’entrevois une maison, enveloppée par des bouquets de nuages et aussi par un je-ne-sais-quoi de rouge et céleste qui contraste vivement avec la couleur pervenche du ciel… Intriguée, j’accélère le pas…

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Le graffiti de la petite place. (photo de Claudia Patuzzi- clique pour l’agrandir)

Au fur et à mesure que je m’approche, le soupir me manque. Devant moi, il y a une petite place que je n’avais pas prévue, tout à fait ressemblante à un « théâtre » : une toile de fond peinte par un artiste inconnu, embellie sur la gauche par la présence gentille d’un arbre minuscule. Au-dessut d’une baie vitrée, juste au coin, quelqu’un a ajouté un graffiti avec une déclaration désolée :  I JUST HAD SEXE, «Je n’ai eu que le sexe ». Sur la gouche, un vélo. Deux personnes chuchotent à voix basse.

« Mesdames et Messieurs, le spectacle commence ! »

Je m’assieds par terre et j’attends…
Je lève la tête vers ce monde céleste inattendu. Des formes cubistes aux couleurs tenues, entre le bleu et l’orange, rappellent un cirque. En haut, au sommet du mur peint, je découvre un tuyau vert et jaune autour duquel se visse mollement un rideau rouge… Même autour de l’inscription équivoque je vois flotter une aura angélique.
Tout d’un coup, une fumée jaune se lève juste au coin. Tandis que je l’observe, elle devient de plus en plus épaisse et noire. Les yeux en larmes, à bout de souffle, je me lève.
« Le poulet est perdu, complètement carbonisé ! »

Claudia Patuzzi

(1) Virginia Woolf, « La promenade au phare« .

Paul II/V (Zérus – le soupir emmuré n. 13)

04 mercredi Sep 2013

Posted by claudiapatuzzi in zérus, le soupir emmuré

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bruxelles, Corse, ghislain, Mancini, Paris, Zérus le soupir emmuré

001 les mancini, 740-jpeg.copiePaul II/V, traduction et nouvelle adaptation du chapitre V de La stanza di Garibaldi, pp. 64-65, Manni Editori, 2005, ISBN 88-8176-692-2. Le roman a été traduit en français sous le titre provisoire de Zérus (le soupir emmuré). Tous les droits sont réservés. Pour ce roman Claudia Patuzzi a été sélectionnée pour le prix Strega 2006.

 Bruxelles, le 9 juin 1979

Chère petite fée,
Tu as reçu la photographie de la famille Mancini ? Regarde ces visages avec beaucoup d’attention. Que vois-tu ? Dis-le-moi au plus tôt parce que j’ai besoin d’être rassuré. Je n’y vois rien de bon, sauf la douceur de ma mère et de Paul. Et pourtant, cette étrange famille française a toléré de vivre avec mon père, ma mère et moi à Paris, jusqu’à sa mort soudaine. Je n’étais alors qu’un nouveau-né et maintenant tout m’apparaît confusément. De mes premières quatre années,
dans cette grande maison, le seul témoignage que je possède est cette vieille photographie de dix-sept personnes…

Un intrus

Sur la photo, les Mancini posent en groupe dans le jardin, devant un mur blanc revêtu d’une épaisse végétation. Paul est debout à l’extrémité du groupe. Il semble avoir grossi, les yeux creusés et les moustaches retroussés. (Dans une autre photo il porte un grand chapeau rappelant les pampas argentines). La main droite est cachée sous sa veste : soit son cœur lui fait mal, soit il veut se donner des airs de Napoléon.
Gény se tient assise à côté de lui sur un siège en osier. Elle n’a que vingt-et-un ans. Son buste est tendu vers l’avant, ses jambes croisées sont cachées sous une robe sombre avec une cape de satin ou de velours. Ses cheveux tombent sur ses joues en deux bandes bouclées. Un haut chignon lui découvre le front entouré d’un invisible duvet doré. Ses yeux confiants regardent sans soucis apparents au-delà de la suite punctiforme du temps.
Tous les autres sont debout, à l’exception d’un chien noir et du groupe des petits, dont Ghislain occupe la première place sur la droite. Mais quelque chose d’étrange défigure ces visages. Un frémissement qui n’est pas celui de la jeunesse… C’est l’avidité, un mastic puissant qui recouvre chaque fente, chaque relief du visage. Il n’y a plus rien de vivant dans ces bouches tendues. Paul est le seul qui conserve quelque chose de révolutionnaire dans la pose et dans l’habillement. Mon oncle a raison d’avoir peur. Sur les fronts des Mancini, le vent de la Corse est devenu un tourbillon avide de bien-être, un cloaque de déchets urbains. Pourtant, un jeune homme se souvient des rêves de Siscu. Il est le seul qui soit favorable au mariage de Paul. Entièrement absorbé par le cigare qu’il allume, il ne regarde pas l’objectif. Il a la petite cravate de travers, les cheveux décoiffés, les moustaches retroussées. Il est Laurent, un aimable blagueur, selon mon oncle Ghislain.
Sur la photographie, le groupe est disposé en cœur. En haut, au centre de la courbe, là où les amants dessinent les flèches, il y a une femme maigre et osseuse. C’est la sœur la plus âgée : la Douairière. Son prénom, Agathe, est craint et honoré par tous les membres de la famille. Mon oncle l’appelait « la tigresse »…

Claudia Patuzzi

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