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Archives de Tag: Palazzo dei Fata

La procession (Zérus – le soupir emmuré n. 59)

20 mercredi Nov 2013

Posted by claudiapatuzzi in zérus, le soupir emmuré

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ghislain, L'Usine de Fata, Les Fata, Macerata, Marche, Palazzo dei Fata, Zérus 59, Zérus le soupir emmuré 59

001_Palazzo Fata 180DEF

Le côté est du palais du Fata ne faisant qu’un avec les remparts de Macerata. (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

La procession VII/IVIII n.59, troisième partie, traduction et nouvelle adaptation de La stanza di Garibaldi, pp.128-29-, Manni Editori, 2005, ISBN 88-8176-692-2. Le roman a été traduit en français sous le titre provisoire de Zérus – le soupir emmuré. Tous les droits sont réservés. Pour ce roman Claudia Patuzzi a été sélectionnée pour le prix Strega 2006.

Ghislain sursauta. À l’extérieur de la gare les attendait un énorme scarabée noir rempli de bouteilles : c’était le camion des Fata. Orso, le frère de Niba, arbora un sourire irrésistible, avant de marmonner dans le plus pur dialecte :
— Tu es le bienvenu, mon fils. Sautez là derrière, toi et les petits, il n’y a pas de place ici.
On entendit un aboiement joyeux.
— Tu as emmené Tincuta ! lui reprocha Niba. Deux pattes blanches et noires pendaient sur le côté du camion.
— Elle voulait voir le petit prêtre, hurla Orso.
Ghislain, assiégé par la chienne reniflant ses chaussures et sa soutane, ne comprenait rien à ce qu’il disait.
Passant sous un porche obscur, le camion se gara près d’une pergola de raisins, dans un carré de lumière coupé en deux par l’ombre. Ghislain se trouvait au milieu de la cour de l’Usine des Fata. De chaque angle, depuis les boutiques jusqu’aux fenêtres du quatrième étage, les hurlements de bienvenue recouvrirent le fracas des machines. Ghislain, capturé par les ouvriers, fut emmené par le bras sous la voûte des grands escaliers. Tandis qu’on montait, il s’étonna : tous les ouvriers avaient les larmes aux yeux. Était-il possible que ce fût des larmes de bonheur ?
— Pourquoi pleurent-ils ? demanda-t-il à Niba.
— Ici tout le monde pleure, même les passants.
— Ils sont en deuil ?
— Non, c’est l’ammoniaque et la saumure qui circulent dans les compresseurs…
Niba s’arrêta un instant, leva un doigt vers son oreille et dit : — Tu entends ?
— Un bruit… Oui, je l’entends ! Maintenant, Ghislain le percevait bien. C’était un bruit de fond, rythmé et continu, rappelant le grondement d’un tambour niché dans les sombres profondeurs de la terre.
Au premier étage, Niba voulut lui révéler ce secret : — C’est le bruit de la glace.
Quand la procession atteignit le deuxième étage, une porte s’ouvrit. Deux ouvriers l’emmenèrent dans un petit salon plein d’abat-jours et de paravents chinois. Au signal convenu, on l’installa sur des coussins de brocart rembourrés de coton hydrophile. Deux chiens lui léchèrent les mains et le visage. Céleste lui ôta son chapeau et ses chaussures, tandis qu’Henriette et Nino lui apportèrent à boire. D’un coup, la porte s’ouvrit tout grand. Sur les épaules de deux hommes de la maison, Ghislain vit une vieille dame avancer comme un pape sur sa chaise.

003_strada dei tigli il Palazzo nel 1928 a Macerata 180 - copie

Macerata, La rue des Tilleuls et le palais de Fata en 1928

Claudia Patuzzi

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