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décalages et metamorphoses

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Archives de Tag: Leopardi

La corneille (Histoires drôles n. 28 )

28 dimanche Déc 2014

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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Èloge des oiseaux, Éditions Allia, corneille, corneilles, Dinard, festival du film britannique, histoires drôles n 28, Hitchcock, Leopardi, Maupassant, Oiseaux, Petites Œuvres morales, Saint-Malo

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Quelque chose a changé. J’ai compris cela un jour d’août, quand je me suis accoudée sur le balcon tendu vers le boulevard. Un fleuve grouillant de vie, comme le dit Maupassant (1). De là-haut, je peux observer le fleuve vert des platanes centenaires qui s’effondre vers la Place de la République. En bas, sous le balcon, il y a le ruisseau gris et frénétique du trottoir où l’on s’achemine dans le bruissement des passants et des sonneries impérieuses des vélos sur les pistes cyclables. Au milieu, domine le fleuve multicolore des voitures coulantes d’un feu rouge à l’autre, inexorables. Elles sont parfois effleurées par de rares rayons de soleil, capables de dévoiler ce qui n’est pas visible… Y a-t-il des êtres vivants derrière ces feuilles et ces éclairs ? me dis-je, en scrutant ce manège incessant.

002_Magenta1 180

Eh bien, ce jour de août de 2014, un éclair a dévoilé… ce que je n’avais jamais vu auparavant. Quelque chose a attiré mon regard. Un je-ne-sais-quoi de noir ne faisant qu’un avec la vibration d’une branche du platane juste à côté de mon balcon. J’ai levé la tête vers le tronc submergé par le feuillage : au milieu des branches plus hautes, il y avait une masse obscure, assez grande, zébrée par les rayons du soleil. « Un oiseau ? Bien sûr, que non ! j’ai tranché, les hirondelles et les pigeons sont beaucoup plus petits, cette chose-là, au contraire, pouvait mesurer un demi-mètre presque… » J’étais en train de m’élancer encore plus vers l’arbre, quand un rayon de soleil a illuminé cette ombre sinistre… Quand je la vis, j’eus un tremblement : c’était une énorme corneille au grand bec pointu, noire comme du jais. Elle secouait ses ailes en les ébouriffant tout en tordant le cou d’une attitude agressive. La tête penchée vers le trottoir, ses yeux roulants cherchaient quelque chose… J’ai frissonné : derrière ces pupilles rondes et grises, je découvrais l’intelligence qui établit un véritable « plan » stratégique. Soudainement, comme s’il avait deviné ma pensée, l’oiseau hérissa ses plumes, tout en bougeant de façon imperceptible. Ensuite, il s’arrêta pour mieux me fixer, immobile…
En cet instant, j’ai perdu toutes mes certitudes. J’ai reculé brusquement du garde-corps et, sans m’en apercevoir, j’ai touché ma tête pour la protéger. Est-ce que cette bête-là voulait m’attaquer ? D’un bond, j’ai couru vers la porte-fenêtre avant de me barricader dans mon appartement.
Où est-il fini l’éloge joyeux des oiseaux de Leopardi ? (2) Le canari agile et pourtant fragile de ma jeunesse ? Peut-être Hitchkock avait-il raison…

003_Statua-180 Version 2

Alfred Hitchcock
Réalisateur anglais
(1899-1980)
Statue inaugurée le 8 octobre 2009
par Marius Mollet, maire
lors du XXème Festival du Film Britannique
de Dinard
Le Hitchcock d’or, trophée du Festival
« Œuvre du sculpteur Lionel Ducos »

L’été dernier, j’étais à Saint-Malo. Et je me suis rendue, naturellement, à Dinard, où le grand réalisateur anglais a tourné « Les oiseaux ». Cette statue est une époustouflante confirmation moins de sa célébrité que de sa prévoyance vis-à-vis du changement (unidirectionnel ?) de notre monde : humain, animal et végétal… peut-être, le monde en connait beaucoup plus que nous…
Dans un article de Jean-Michel Normand sur le Parisien, titré « Hitchcock passe-t-il l’été à Paris ? » (3) on lit :
« Après les rats des pelouses du Louvre, une autre espèce perturbe l’été des Parisiens : les corneilles. Plusieurs promeneurs ont été récemment victimes d’attaques en piqué, en particulier dans le parc de la Cité universitaire, et une quinquagénaire a dû être hospitalisée une journée… La ville de Paris prévoit des « effarouchements » et des destructions de nids en guise de représailles contre ces oiseaux qui devraient être classés prochainement  espèce nuisible ».

Claudia Patuzzi

(1) « Le boulevard, ce fleuve de vie, grouillait dans la poudre d’or du soleil couchant . Tout le ciel était rouge, aveuglant ; et, derrière la Madeleine, une immense …»,  dans la nouvelle « Tombouctou ». 

(2) « Enfin, comme Anacréon, qui désirait se changer en miroir pour être sans cesse contemplé par celle qu’il aimait (…) de même, moi, je voudrais un moment me transformer en oiseau pour connaître le contentement et la joie qu’ils éprouvent à vivre. » Giacomo Leopardi, Èloge des oiseaux, dans Petites Œuvres morales (Milan,1827). Traduit de l’italien par Joël Gayraud et Eva Cantavenera, Èditions Allia, 2007.

(3) Article publié dans L’Obs le 14 août 2014 et cité dans « Le Magazine  du Monde.»

(toutes les photos sont agrandissables)

Le placard d’Italo Calvino/Entracte – dialogues imaginaires n. 10bis)

27 dimanche Juil 2014

Posted by claudiapatuzzi in dialogues imaginaires

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Cosmicomics-Récits anciens et nouveaux 1984, Entracte, l'arioste, le placard de Calvino, Leopardi, Qwqf

001_Calvino180 Vers 2

Chers lecteurs,
Le onzième épisode du « Placard » sortira dimanche prochain, avant les vacances.
Voilà les dernières nouvelles : Leopardi est tombé dans la terrasse et maintenant arbore un genou bandé. L’Arioste transpire et souffle dans la chaise longue : est-il nostalgique de son labyrinthe ou de la belle Angelica ? Quant à Qwqf — ce personnage que j’imagine entouré à jamais par le temps qui s’écoule à l’infini —, il s’est cassé un ongle et ne cesse de gazouiller les mêmes mots à la fois cosmiques et comiques.
Je vous laisse, pour le moment, avec des mots prophétiques que Calvino même a écrits, à propos des Cosmicomics, un an avant de mourir : « Exploser ou imploser…, voilà ma question… le “big bang” dure encore… le grand Pan n’est pas mort… Je sais que je ne dois pas écouter les voix ni croire aux visions ou aux cauchemars. Je continue à creuser mon trou, dans mon terrier de taupe. » (1)

002_Calvino180-classici- Version 2

Claudia Patuzzi

(1) Cosmicomics, Récits anciens et nouveaux, Garzanti, 1984 ; Folio, 2013, Gallimard, traduction de l’italien par JeanThibaudeau et Jean Paul Manganaro, pp. 518-19 ; p. 523.

Le placard de Calvino/10 – dialogues imaginaires n.10

22 mardi Juil 2014

Posted by claudiapatuzzi in dialogues imaginaires

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Cosmicomics, juin 1985, l'arioste, le Berger errant de L'Asie, le placard de Calvino, Leopardi, Pandolfi, Piazza Campo Marzio, Qfq, Qfqfq, Rome

001_Calvinoseppia180jpg - copieItalo Calvino, particulier d’une photo avec la petite fille. 1966 (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Temps : juin 1985, en pleine nuit.
Lieu : Centre de Rome, Place du Campo Marzio, à côté du Panthéon ; grand studio d’Italo Calvino avec bibliothèque et terrasse panoramique. La pleine lune illumine encore la nuit étoilée.
Personnages : Italo Calvino, l’Arioste, Giacomo Leopardi, monsieur Pandolfi (chargé de la désinsectisation de la Zucchet, il dort dans la terrasse), le Berger errant de l’Asie et une « petite ombre ».
Calvino pose des questions à la petite ombre mystérieuse.

Petite-ombre (s’adressant à Calvino) : — Papa, ne me reconnais-tu pas ?
Calvino : — honnêtement, non… pourquoi m’appelez-vous papa ? Je ne suis pas…
Petite-ombre : — ne me reconnaissez-vous pas ? Regardez-moi près de la lumière, en transparence !
Calvino , — je ne vois qu’une silhouette laiteuse, une physionomie blanchâtre, pleine de taches partout, je dirais débridée…
Petite-ombre : — bravo ! Bravo ! C’est moi !
Calvino , — moi… qui ?
Petite-ombre : — je suis l’ombre du vieux Qfwfq, le narrateur des « Cosmicomics » ! C’est vous qui m’avez engendrée ! Puis, devenant de plus en plus blanche, cette ombre décolorée essaie d’embrasser l’écrivain en hurlant : — tu es mon père !
Calvino : (se dégageant) : — moi, votre père ? Ah, oui ! Tu es Qfwfq ! Tout à fait… Mon Dieu, donnez-moi une chaise !
Leopardi : — vous voici le fauteuil !
Calvino s’assied, tout en essuyant son front avec un mouchoir : — je suis en train de m’évanouir, presque… (En s’adressant à lui-même) : s’il avait été quelqu’un qui a réellement existé, comme l’Arioste ou Leopardi, je l’accepterais. Mais, un « personnage » tout à fait inventé de mon esprit, non ! Cela est complètement impossible.
Leopardi : — que devrais-je dire alors moi, au sujet de mon Berger errant de l’Asie ? N’est-il pas venu lui aussi nous dire bonjour ? On ne peut rien imposer à l’Art !
Qwqfq (en sautant sur les genoux de Calvino) : – n’es-tu pas heureux de me revoir, papa ?
Calvino, essayant de l’écarter, transperce de ses mains ce corps transparent…
Leopardi  (en souriant) : — « Qui a dit trois fois… »
Calvino : Comte Leopardi, ne faites pas d’humour !
Ariosto (passant à Calvino un verre d’eau) : — buvez-en une gorgée !
Calvino : — Merci, monsieur Ludovico ! Puis il fixe l’étrange personnage devant lui avant de susurrer : — que me voulez-vous ?

002_Cosmicomicheultime72jpg - copie

cliquer sur l’image pour l’agrandir.

Qwqfq : — je vous ai déjà dit, cela ! Je suis le personnage principal de Cosmicomics… Vous en souvenez-vous ? C’est un titre plein de mystères, avec ces deux adjectifs cosmique et comique se combinant en un seul mot ! (1) Oui, je vois bien que la mémoire vous revient… Il y a un temps incommensurable… la lune était presque attachée à la terre, « il suffisait d’y aller, en barque, jusque dessous, d’y appuyer une échelle et d’y monter, au large des Écueils de Zinc… nous apportions sur les barques une échelle… » (2)
Calvino : — je le sais, c’est moi qui ai écrit cela…
Qwqfq  (en parlant par rafales) : — je vous raconte : « … nous allions ramasser le lait, avec une grande cuiller et un baquet, le lait lunaire était très épais, comme une espèce de fromage blanc… après avoir recueilli cette purée, il fallait bien l’écrémer, en la faisant passer par une passoire… Oui, la Lune avait une force qui vous enlevait… il fallait faire très vite, en une espèce de cabriole… Vu de la Terre, tu avais l’air pendu, la tête en bas, mais en fait tu te retrouvais dans ta position habituelle, et la seule chose bizarre, c’était que, en levant les yeux, tu voyais au-dessus de toi la chape étincelante de la mer, avec la barque et les camarades, eux-mêmes la tête en bas, qui se balançaient comme une grappe de raisin dans une vigne… » (3)
Calvino : — et alors ? Je ne comprends pas.
Qwqfq : — alors, papa, n’es-tu pas heureux de me revoir ?
Par un geste brusque, Calvino essaie à nouveau d’éloigner l’ombre. Celle-ci, tout en trébuchant dans le vide, pousse un faible cri inhumain, avant de s’enfuir, courant, vers la terrasse, où elle se sauve derrière un grand vase d’oléandre.
L’Arioste : — où s’est-il caché, Quwe… quoi ?
Leopardi : — rassurez-vous, Qwiqfq n’est pas loin. Il est dans la terrasse, je vois très bien sa silhouette claire se détacher nettement de l’ombre sombre de cette plante diabolique !

Entre-temps, une petite voix aiguë déchire le silence de la pleine lune dans cette nuit romaine :
« Sur la lune, j’aurais dû être heureux ; comme dans mes rêves, j’étais seul avec elle ; l’intimité avec la lune, tant de fois enviée à mon cousin… étaient à présent mon exclusif apanage, un mois ininterrompu de jours et de nuits lunaires s’étendait devant nous, la croûte du satellite nous nourrissait avec son lait à la saveur acide et familière ; notre regard s’élevait là-haut, vers le monde où nous étions nés, enfin vu dans toute son étendue multiforme, exploré dans ses paysages jamais vus par aucun terrier… et pourtant, pourtant, et pourtant oui, c’était l’exil. Je ne pensais qu’à la Terre. C’était la Terre qui faisait que chacun était quelqu’un, et non les autres… Privé du sol terrestre, mon sentiment amoureux ne connaissait plus que la nostalgie déchirante pour ce qui me manquait : où, autour, avant, après. » (4)
Calvino, enfin ému par ces mots étranges et doux, sort dans la terrasse, suivi par l’Arioste et Leopardi.
Pandolfi demeure immobile sur une chaise longue. Quant à lui, le Berger errant de l’Asie est en train de ronfler sur un fauteuil. Au rythme bruyant, mais solennel aussi, du berger dormant, la pleine lune ne cesse de veiller sur la grande ville silencieuse. Une ville toujours prête à se bouffer des rêves ainsi que des cauchemars des êtres humains…

Claudia Patuzzi

(1) Note de l’auteur, Cosmicomics, Récits anciens et nouveaux, collection folio, Gallimard, 2013, pp. 7-9 (texte écrit à la main de Italo Calvino à la troisième personne, traduit par Jean-Paul Manganaro, 1975) :
« Ce sont des récits nés de l’imagination libre d’un écrivain d’aujourd’hui, stimulée par des lectures scientifiques, surtout d’astronomie. Nous ne savons pas si Italo Calvino a regardé dans un télescope pour observer étoiles et planètes : ce qui le passionne, ce sont surtout les hypothèses théoriques… mais ce que notre écrivain capte est en général   une idée suggestive, une image synthétique ; et c’est sur cela qu’il construit un récit. … Chez l’homme primitif et chez les classiques, le sens cosmique était l’attitude la plus naturelle ; nous, au contraire, pour affronter les choses trop grandes et sublimes nous avons besoin d’un écran , d’un filtre, et c’est là la fonction du comique. »
(2) Cosmicomics, La distance de la Lune, folio, Gallimard, 2013, pp. 16-17
(3) Ibidem, pp.18-20
(4) Ibidem, pp. 33

Oubli ou éternité ? (dessins et caricatures n.13)

06 vendredi Juin 2014

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

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Audrey Fournier, Borges, favela cybérnetique, GOOGLE formulaire d'oubli, Le Net, Leopardi

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Dessin à feutres noir et rouge, Paris, 2013. (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Le doute virtuel : Éternité ou oubli ?
Le Net contiendra nos données « ab aeterno », après notre mort ? Nos mots, nos messages les plus intimes, nos textes, nos photos les plus précieuses, habiteront-ils à jamais, immortels, à l’intérieur des « remparts » d’un blog ? Est-ce qu’ils deviendront un « musée individuel sur mesure » à montrer avec fierté à nos arrière-petits-fils du Troisième millenium  ?
Ou bien, au contraire, nos données ruminées par le temps du Net, seront-elles au fur et à mesure envahies par d’invisibles toiles d’araignée virtuelles, moisissures et spam ?
Dans cinquante ans, mon blog sclérosé ne ressemblera-t-il pas à un vieux château accoudé sur le gouffre vide de la « Fin des terres » ?
Et, tandis que les blogs flotteront à la dérive dans l’océan magmatique de Google, nos mots, nos phrases, nos propositions, nos tweets, nos espoirs, nos aveux, nos désirs, nos pensées, nos volontés ainsi que nos données… ne finiront-ils pas, eux aussi, comme il arrive dans le roman labyrinthique de Borges, pour se confondre avec des images et des pensées de plus en plus semblables entre elles, jusqu’à perdre totalement leur identité ? Ou, pire, ne finiront-ils pas pour être remployés ou reproduits par des autres dans un autre réseau ? Dans un autre endroit de la planète, tout en engendrant un « double » à nous qui nous appartient, mais ce n’est plus « nous-mêmes »…
Dans cet élargissement de la personnalité, nos avatars pourraient éprouver le même tressaillement que le grand poète Giacomo Leopardi devant la « haie de l’infini », ou alors se morceler en des millions de minuscules fragments ! Ou bien pourraient-ils exploser dans l’immense ciel du Net se mêlant avec les données d’autres internautes, devenus du jour au lendemain des pseudo-parents ou des sosies occasionnels ?

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(cliquer sur le dessin pour l’agrandir)

Ne vous inquiétez pas. Nous sommes saufs : GOOGLE ouvre déjà la possibilité aux internautes européens de faire valoir un droit à l’oubli.
Peut-être, celle-ci est la future « réalité » qui nous attend…
Mais GOOGLE n’a pas pris en compte un petit détail. Un redoutable aspect de la condition humaine se déclenche spontanément, se révélant en fin de compte beaucoup plus grand et plus fort qu’on ne pourrait prévoir…
De quelle réalité parlé-je ?
Eh bien, c’est une chose simple, que j’ai trouvée, juste dans le gouffre infini du NET.
Un mot simple et très ancien : l’AMITIÉ !
Elle est suivie de sa fille : la SOLIDARITÉ !

Ne vous inquiétez pas, le retrait d’un lien ne s’applique qu’en Europe. GOOGLE-France, Espagne, Allemagne, Italie… ouvre la possibilité aux internautes européens de faire valoir un « droit à l’oubli.. »  qui permet de demander qu’un lien soit retiré des résultats de recherche, à condition qu’il soit « non pertinent, obsolète ou inapproprié. Google.com, qui concentre à lui seul 90% des requêtes sur le Web en Europe , examinera les demandes individuellement ».

« Hélas ! Mais, le lien ne disparaitra pas de Google.com – la version américaine du site – où est consultable par un internaute basé sur le sol européen. Une issue qui devrait laisser insatisfaits nombre de « plaignants ». (Le Monde, 3 juin 2014,  Les internautes se précipitent sur la formulaire d’oubli de Google, Économie et entreprise, p.7)
« Selon le Wall Street Journal, le moteur de recherche prévoit de dépenser plus d’un milliard de dollars dans une flotte de satellites destinés à étendre à des zones reculées de la planète l’accès à Internet. Le projet… démarrerait avec 180 petits satellites en orbite à des altitudes plus basses que les satellites ordinaire et pourrait ensuite se développer… »

Et la favela cybernétique ? Est-elle la « réalité » qui nous attend ?…

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Un indien Kaxinawa, dans l’extrême ouest brésilien ( Photo : Antoine Lorgnier, Biophoto, « Libération », 31 mai-1 juin 1014, cliquer pour agrandir )

 Claudia Patuzzi

Le placard de Calvino/6 : les Classiques – dialogues imaginaires n.6

25 dimanche Mai 2014

Posted by claudiapatuzzi in dialogues imaginaires

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dialogues imaginaires n.6, l'arioste, le placard de Calvino, Leopardi, Les classique, liste des classiques, monsieur Pandolfi, Palma il Vecchio, Piazza Campo Marzio, Rome juin 1985

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Temps : juin 1985.
Lieu : Centre de Rome, Place du Campo Marzio, à côté du Panthéon ; studio d’Italo Calvino avec terrasse panoramique.
Personnages  : Italo Calvino, l’Arioste, Giacomo Leopardi, monsieur Pandolfi (chargé de la désinsectisation de la Zucchet).

– È permesso ? Je peux entrer ?
Calvino, l’Arioste et Leopardi se tournent vers la porte-fenêtre donnant sur la terrasse. Monsieur Pandolfi, universellement connu comme « la flèche de la Zucchet », les observe en bâillant.
Pandolfi :- È permesso ? Je peux ? répète-t-il une deuxième fois en s’étirant dans un craquement d’os; puis, n’ayant reçu de réponse, entre dans la pièce. « Je me suis endormi comme un caillou, mais, je ne sais pas pourquoi, j’ai les os tous cassés … (en se dirigeant vers la porte) En tout cas, je vous dis au revoir et merci…
L’Arioste : – Où allez-vous ?
Pandolfi: – J’ai pas mal de désinsectisations à faire… Voyons : au Panthéon il y a de milliers de souris, au Vittoriano, place Venezia trois faucons, au Ghetto on a affaire à une invasion de puces, à Campo de’ Fiori un va-et-vient de cafards, sur le Gianicolo les nids des aigles… à Tor Pignattara et au Tufello les rats, au Vatican des millions de poux, à Montecitorio la rescousse des blattes, qu’on appelle ainsi « sangsues »… Et la nuit les chauve-souris ! Je ne réussis pas à en tenir le compte ! souffle, tout en chargeant la bouteille du gaz sur ses épaules.

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Palma il Vecchio, Portrait de l’Arioste, 1525, Londre, National Gallery.

L’Arioste ( En se levant brusquement de son fauteuil de toute sa masse et en clignant de l’œil en direction de Calvino et Leopardi ) : Monsieur Pandolfi, vous ne pouvez pas vous en aller comme ça !
Pandolfi : – Pourquoi… ?
Calvino : – Vous devez nous aider à accomplir la désinsectisation du placard !
Pandolfi :-  J’y ai presque laissé la peau, c’est hors question !
L’Arioste : – On vous payera bien !
Pandolfi (après une pause de silence) : – Mm….combien ?
Calvino : – Cela dépend de votre travail…
Pandolfi : – Quel genre de travail ?
Leopardi : – Vous devez bloquer dans le placard tous les Classiques, exception faite pour ceux qui seront écrits dans notre liste !
Calvino : – De quelle liste parlez-vous, comte ?
Leopardi : – On va la styler ensemble d’ici peu. La liste des «élus » !
L’Arioste : – Des «élus » ?
Calvino : – Cela donne l’idée d’une purge nazie ou fasciste… Je n’aime pas ça !
Leopardi : ( d’un air paternel) – Monsieur Calvino, vous ne pouvez pas parler avec tous les Classiques ! Ils sont des centaines de milliers ! Ce serait le chaos ! Il faut faire une sélection ! Par contre vous pouvez parler avec ceux qui ont eu avec vous un dialogue plus serré, vos préférés ! Comme l’Arioste et moi, par exemple. Vous devez nous dire qui sont-ils…
Pandolfi : Et moi, que dois-je faire ?
L’Arioste : Nous allons préparer la liste que nous confierons ensuite au comte Giacomo Leopardi ; quant à vous… vous irez dans le placard avec le comte qui fera l’appel des noms choisis : ces derniers le suivront, un à un ou deux par deux (et quelques fois un trio) ayant la permission de rencontrer personnellement l’écrivain Italo Calvino, tandis que tous les autres serons invités, sous votre surveillance, à rebrousser chemin, jusqu’au fond du placard ou, si vous volez, jusqu’aux Limbes ou aux Enfers… Il nous faut de la discipline ! Et cela a l’air d’une véritable invasion !
Leopardi : Moi, je n’y vais pas tout seul, là-dessous, me faire rogner par les souris !
Ariosto : Je vous accompagnerai moi même, monsieur le comte ! J’adore les aventures…
Pandolfi : Il me faut 200.000 lires en avance !
Les trois se dévisagent interloqués. Puis Calvino prend la parole et siffle d’une voix altérée : – 100.000 lires avant et le reste quand vous aurez fini !
Pandolfi : Sauf complications, bien entendu…

Claudia Patuzzi

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