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décalages et metamorphoses

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Les livres anciens au Grand Palais (histoires drôles n. 35)

28 mardi Avr 2015

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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dessins, Giacometti, Grand Palais, Jacques Léchantres, Les ingenus, livres anciens, livres de A à Z, Paris, Simenon, Verlaine

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Il y a deux heures, j’ai eu la force d’abandonner le chaos de mon bureau, les blocs-notes, les stylos, les feutres, les attaches, la corbeille qui déborde, les romans « in fieri »… et, surtout, le regard inquisiteur et légèrement mélancolique de mon Giacometti… Il me suffit de lever pendant un instant les yeux au-dessus de l’ordinateur pour entendre distinctement sa pensée : « Qu’attends-tu ? Au Grand Palais, l’exposition des livres anciens est en cours… Dépêche-toi, avant que tout cela ne disparaisse ! »
Peu de temps depuis, me voilà, juste en face de l’entrée… Une amie libraire nous attend !

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Avant d’entrer, je lève la tête vers la grille en acier brodé, surmontée par des décors en pierre beige, souple comme la mie du pain… De ses petites mains rondes, un enfant grassouillet est en train de modeler un vase jusqu’à l’ébauche d’un visage qui pourtant n’affiche pas un air vraiment satisfait…

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Le regard du guichetier me gêne… ses yeux me fixent longuement d’un air méfiant, jusqu’à ce qu’il décide de ranger mon sac à dos en échange d’un billet… Et l’enfant grassouillet ? Aura-t-il fini de gâcher son vase ?

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Je viens juste d’entrer et voilà qu’un homme à la grande paille, arborant une physionomie orientale, époussète les baies vitrées et les affiches… Sa silhouette est dépourvue de poids et d’épaisseur : est-ce qu’il est le génie des lieux ?

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Un policier est là pour toute émergence, à disposition du public… Un autre « défenseur » à la présence discrète, prêt à glisser sur la pointe des pieds, devenant lui aussi presque invisible…

006_stand-180Stand librairie « de A à Z » (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Je marche en direction du petit stand de notre amie libraire, au bout du couloir de gauche, juste en deçà de l’espace recouvert de velours rouge qu’on a consacré aux conférences et aux exhibitions des joueurs de clarinette…

007_Beatrice_180( cliquer sur l’image pour l’agrandir )

« La voici, finalement ! Je te vois ! Tu vas bien ? »
« Je crois que oui, je suis encore sur la brèche ! Le livre papier, le livre physique de toujours, il doit résister, pour qu’on puisse le feuilleter avec délicatesse et passion à la fois… il doit serrer le passé par la queue pour ne pas se faire oublier ou absorber dans le confus univers numérique… »

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Stand  de livres ( cliquer pour agrandir )

Béatrice nous accueille dans un parallélépipède en bois blanc, rempli d’étagères comblées de livres anciens… je m’approche pour les effleurer, quelque chose pourtant repousse ma main… puis je m’aperçois que tous ces livres en relief n’existent pas. Ce n’est qu’une illusion, une fausse piste : un trompe-l’œil en bois peint… D’ailleurs, les livres ne sont-ils pas cela aussi ? N’ouvrent-ils pas des mondes possibles, des univers inconnus, des espoirs inattendus ? Ou alors des horreurs qui reflètent nos cauchemars ? La force de la « bonne » écriture transforme chaque détail en un micro-univers et chaque rien en un « tout ». La rêverie en est la levure.

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« Viens », dit Béatrice, « viens voir mon stand, mon Simenon et mon Verlaine… »

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Recuil : Fêtes galantes – Jadis et naguère, Paris, Éditions  de Cluny, 1939, ornés de 20 dessins originaux de Jacques Léchantres.  (cliquer pour agrandir l’image)

Voilà le septième poème de Paul Verlaine : « Les ingenus »…

Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptés ! – et nous aimions ce jeu de dupes.

Parfois aussi le dard d’un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches,
Et c’était des éclairs soudains de nuques blanches,
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.

Le soir tombait, un soir équivoque d’automne :
Les belles, se Pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble et s’étonne.

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Capitaine sur un transat (cliquer pour agrandir l’image)

…et le petit livre de poèmes illustrés, où le marin, ou mieux le capitaine en personne, allongé sur un transat, est en train de lire, tout en fumant sa pipe… Je lis les quatre vers en gras dans la page à côté… et tout de suite je me sens renaître. Des vers anciens ? Pas du tout ! La vraie poésie ne connaît pas le temps qui passe… l’écriture non plus. Elles ignorent tout à fait la vieillesse. Ce quatrain est dense de vie et d’expérience, comme ce capitaine qui préfère savourer sans hâte sa pipe et voyager déjà, poursuivant la fantaisie d’une histoire, d’un récit, d’un sonnet parfumé d’oranges glacées, avant que son vaisseau lève l’ancre en direction de terres inconnues et dangereuses. Serait-ce quoi la vie, si l’on ne profite pas des petites choses avant que la tempête éclate ?

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Sous la voûte (cliquer pour agrandir l’image)

Claudia Patuzzi

« Peut-on prendre une langue par la queue ? » (dessins et caricatures n.25)

11 mardi Nov 2014

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

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Égypte, CLE international, dessins, langue française, langue italienne, Luxor

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Gribouillis tracé au feutre, 2014
(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Depuis ma naissance à Rome, j’ai toujours parlé la langue italienne, tandis que je n’avais fréquenté jamais ma langue « maternelle ».
Ma mère, née assez tôt à Bruxelles, quand le français était encore une langue primordiale en Europe, m’a « caché », plus tard, la langue française, devenue pour elle un tabou lié aux mauvais souvenirs de sa première enfance, dont la mort de sa mère à la fin de la Grande Guerre…
Moi, au contraire, je suis née tard, en Italie, dans le boom économique, en pleine euphorie américaine.
J’ai étudié le grec, le latin et l’anglais, qui devenait juste de mon temps scolaire la langue de la consommation future, de la télévision, des gratte-ciel, des films d’Hitchcock et de Frank Capra… Le français voltigeait, quelquefois, sur les lèvres de ma mère, en quelques chansons, chez le tailleur, à la cuisine et dans quelques exclamations… Une langue invisible et, pourtant, toujours latente. Comme une brume légère.

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Égypte, Luxor, Ouverture des portes des chapelles dorées par l’équipe des fouilleurs grâce à la découverte des Anglais Carter et Carnarvon, le 17 février 1923. Cette photo évoque pour moi la découverte d’une autre langue inconnue, donc d’un trésor. En « Christian Desroches Noblecourt, Toutankhamon, éditions PYGMALION, Paris, 1977. (cliquer pour agrandir l’image)

Pendant un voyage en Égypte, emportée par l’enthousiasme, j’ai acheté près de Luxor un grand livre illustré (288 pages) au sujet de Toutankhamon et de la Vallée des rois, écrit en français. J’ai terminé la lecture en peu de jours, dans un état d’exaltation irrépressible : j’avais compris la signification de presque tous les mots ! Peu de jours depuis ma rentrée à Rome, j’ai fait un rêve : je me trouvais dans la vallée des Rois, devant des hiéroglyphes que je déchiffrais parfaitement…
Encore aujourd’hui, la lecture et la compréhension du français écrit sont étrangement faciles pour moi, tandis que l’usage courant de la langue française et de sa prononciation reste en arrière…
Le nœud de la langue se desserre très doucement. C’est à moi de la saisir par un nœud coulant !
De quelle méthode vais-je me servir ? Peut-être l’étude d’une vieille et robuste grammaire…

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Grammaire enfantine par Claude Augé, Librairie Larousse, Paris, juin 1911 (cliquer pour agrandir)

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L’Écolier paresseux, p. 40, Grammaire enfantine par Claude Augé, Librairie Larousse, Paris, juin 1911 (cliquer pour agrandir)

Ou alors une méthode plus moderne…

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(cliquer pour agrandir)

Quand on parle du loup, on en voit la queue ! On dit cela lorsqu’une personne survient au moment où l’on parle d’elle.
Est-ce que je parviendrai à m’accrocher à la « queue » de la langue française ? Mais, peut-on prendre une langue par la queue ?

Claudia Patuzzi

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