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décalages et metamorphoses

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005 Dans la cuisine II/III (histoires drôles n.5)

03 lundi Juin 2013

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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« La Castafiore  est-elle morte ou  vive? » (photo de Claudia Patuzzi)

Carafe-poule : – excusez-moi de l’interruption, je n’ai quasiment plus de voix. Il n’y a pas de surprises ni  de bonnes nouvelles… Mais, nous avons affaire avec un bien cruel constat : Mademoiselle Castafiore est introuvable !

« EST-ELLE EN VIE OU ALORS ELLE EST MORTE ? » Cette question sans réponse retentit partout. C’est un point d’interrogation dont l’écho arrive jusqu’aux cheminées noirs de fumée s’éparpillant dans le ciel gris de Paris. Un horrible doute qui obscurcit tous les souvenirs, toutes les notes, toutes les visions suscitées par le  concert. Tout va s’évanouir dans le néant. La cuisine est affreusement silencieuse, et moi je ne fais que parler à moi-même. Quant aux policiers, ils  ne font que tourner à vide comme des aveugles sans oublier de souffler de rage et éternuer sous les moustaches. Peut-être auraient-ils besoin d’un conseil ou de quelques comprimés de paracétamol…

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Le mystère de la Castafiore : la police est dans un cul-de-sac ! (photo C. Patuzzi)

Carafe-poule : -Les deux policiers  m’observent. Ils sont égarés tel deux cafards dans un désert… Et alors ? Qu’attendez-vous, mollassons ? On doit demander l’aide d’un expert !

– Nous  avons cherché partout, même dans la poubelle…

Carafe-poule : – Il est possible que quelqu’un l’ait renfermée dans le cagibi… Avez-vous regardé dans le porte-parapluies ? Dans les hauts des toilettes, au milieu des médicaments ? Parmi les magazines périmés ? Nous avons  les heures comptées et je risque d’être virée…

– Elle est trop petite, pourrait être n’importe où, même au milieu des couverts ou dans une théière…

– Et si on appelât  le commissaire Maigret ?

Un voix : « Mes voilà, les enfants ! Avez-vous besoin de moi ? »

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Jean Gabin dans le personnage de Maigret dans le film  Maigret et l’affaire Saint-Fiacre (1959).

Carafe-poule : – Ne lui répondez pas ! Maigret est formidable, mais trop sensible et humain… Ici, on a besoin de quelqu’un qui raisonne froidement, avec méthode, comme le ferait un chirurgien avec son petit couteau. Ou alors un écrivain de noirs assez rusé…

Un autre voix : « Are you speaking about me ? Est-ce que vous êtes en train de parler de moi ?»

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Agata Christie à Bagdad.

Les deux policiers se serrent l’un à l’autre, pâles comme des morts.

– D’où vient-elle cette voix ? Je n’y comprends rien !

– Il y a quelqu’un là-bas, au bord du gouffre…

Une femme plutôt âgée, soigneusement habillée, les scrute depuis un étrange baldaquin, une espèce  de belvédère ou peut-être un balcon. Elle est en train de boire une tasse de thé et de savourer des biscuits.

« Dont you recognize me by face? I’m Agatha Christie ! »

Carafe-poule : –  Crétins, n’avez-vous pas compris qu’elle est anglaise ? Parbleu, c’est justement elle, la mère d’Hercule Poirot !

– Good morning ! Je suis Agatha Christie, écrivaine de romans policiers, qu’on appelle, un peu stupidement, « noirs ».

–  Madame, vous savez, une personne a mystérieusement disparu. C’est Mademoiselle  Castafiore, la chanteuse !

– Disparue ? De façon mystérieuse ? Moi aussi, un jour,  je suis disparue… mon mari m’avait quitté pour une autre femme, mais cette terrible histoire est finie aux oubliettes, pour moi…

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Agatha Christie avec son premier mari Archie.

Agatha Christie tire un soupir, avant de se concentrer de nouveau sur le thé. Se suit un instant de silence long comme un siècle.

– Où êtes-vous, madame ? À quoi songez-vous ?

L’écrivaine  a un sursaut, comme si elle se réveillât d’un mauvais rêve. Ses lèvres esquissent un sourire avant de dire : – Je me trouve dans ma maison de Bagdad, avec mon deuxième mari, l’archéologue  Max Mallowan, une vieille demeure turque sur les rives du Tigre… – l’écrivaine trempe un autre biscuit dans du thé – …une maison fraîche, avec un cour dominée par des palmiers dont les pointes touchent la balustrade de mon balcon. J’ai toujours aimé les balcons. Ils créent un décalage entre ce qui est dedans et ce qui est dehors, entre le haut et le bas… un moyen pour rester soi-même, même si l’on est ailleurs, tout en observant de biais la nature et les autres. Un lieu de passage, où tous les regards sont possible… Mon Dieu, je m’aperçois que je suis en train de divaguer… Quoi disais-je ? Ah, voilà ! Tandis que j’observais les femmes descendant vers le fleuve pour faire la vaisselle, je vous ai entendus parler d’un fameux écrivain de noirs  et d’une enquête assez compliquée. J’adore les livres, mais peut-être j’en ai écrits trop !»

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Agatha Christie parmi ses livres

– Madame, vous êtes une vraie bénédiction ! Nous avons besoin de votre aide.

– Volontiers, mais avant  je voudrais vous raconter une petite histoire. J’étais enfant lorsque ma sœur aînée Madge m’introduit à la lecture de Sherlock Holmes et je m’étais jetée la tête première sur cette voie, en  lisant Un étude en rouge. Cela m’avait déjà énormément touchée lorsque j’entendis le conte qu’en faisait Madge. Je n’avais que huit ans.  Pus, j’ai lu Le mystère de la chambre jaune de Gaston_Leroux

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Couverture de « Le mystère de la chambre jaune »

…en proie de l’exaltation, je dis à Madge que moi aussi j’aurais voulu m’essayer dans un roman policier. « Tu n’y arriveras jamais » me répondit ma sœur, mais je savais qu’un jour j’en écrirais un, ou alors plusieurs…  (Agatha Christie, Ma vie, Mondadori, 1977, p. 217-18) Maintenant, pour vous aider, je voudrais appeler quelqu’un de vraiment spécial, auquel je dois beaucoup : Conan Doyle !

« Vous parliez de moi ? »

– Je ne peux pas y croire, c’est juste lui !

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Sharlock Holmes (photo de Claudia Patuzzi)

Conan Doyle : – Oui, c’est moi. Si je ne me trompe pas, madame, quelqu’un a disparu…

Carafe-poule : – Un horrible accident, une chanteuse très célèbre…

Conan Doyle : – Il n’y a que la méthode qui compte, toujours…

Les policiers hurlent à l’unisson : Que devons-nous faire ? Pourquoi la chanteuse est disparue ? Qui est-il le ravisseur ? Est-ce un délit ? Un cas de chantage ?

Conan Doyle se mouche le nez, se concentre dans le nettoyage de sa pipe, avant de dire : – Chercher une explication avant de connaître les faits, c’est une faute ! Juste après avoir écarté tout ce qui rentre avec évidence dans l’impossible, on pourra trouver la vérité en ce qui reste, et que vous aviez considéré comme impossible au commencement de votre enquête. Peut-être, vous devriez chercher là où vous ne voudriez plus chercher ! L’horreur ne marche pas sans l’imagination… Et avec ça j’ai terminé.

Le deux flics : – Regardez ! Il a disparu ! Il prenait des grands airs… Peut-être, c’était mieux Maigret!

Agatha Christie : – Taisez-vous, imbéciles ! Réfléchissez sur la dernière phrase… Oh, mon Max vient me voir, avec  son terrier James, je vous laisse, d’ici peu je vais partir en croisière… L’écrivaine rentre dans sa chambre, en fermant la porte-fenêtre.

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Max Mallowan avec son terrier James

Carafe-poule : – Donc, feignants que vous êtes, qu’attendez vous ? Avez-vous entendu ce que Madame Christie a dit ?  Cherchez là où vous ne voulez plus chercher !

– Mais passer au crible tout Paris c’est impossible !

Carafe-poule : – Peut-être Conan Doyle voulait dire le contraire…

– Voulait-il dire que la chanteuse  est encore « ici », dans la cuisine ?

Carafe-poule: – Pourquoi pas ? Fouillez chaque interstice, même les trous des serrures, la boîte de la couture, chaque tiroir, chaque marmite, le frigidaire, tout et n’importe quoi!

Les deux policiers se grattent la tête. « Peut-être nous vivons dans un roman noir… Où est-elle la réalité ? Ou alors où est-elle la comédie ? » pensent-ils, sans trop approfondir.

Carafe-poulepousse un soupir. « Que c’est beau ne pas approfondir, être accommodants, s’adapter. Parfois les deux choses, réalité et comédie, s’enchevêtrent et nous demeurons égarés, citoyens d’un monde inconnu qui bouge à une vitesse vertigineuse en nous emportant dans un turbine virtuel… »

Mais voilà que finalement un policier a une idée et dit : – pourquoi ne prenons pas  la FIAT 500 ?

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La découverte (photo de Claudia Patuzzi)

Carafe-poule : – C’est Canal-cuisine qui vous parle: guidés par le flair d’une puissante FIAT 500, les deux policiers ont finalement trouvé la chanteuse ! Son corps gît sans vie à côté de la tribune… c’est-à-dire l’assiette sur la table de la cuisine. L’endroit le plus logique mais, justement en raison de cela, le plus négligé par le genre humain… Des monnaies sont éparpillées à ses pieds, avec la sonnette en or qu’elle aimait porter autour du cou. C’est peut-être avec ce collier qu’elle a été étranglée… Mon Dieu, je vais m’évanouir pour l’émoi… une chanteuse aussi talentueuse et généreuse, elle ne méritait pas du tout une destinée pareille !

Carafe-poule, égarée, regarde autour de soi, avant d’exploser dans une lamentation épique : – Mais où s’est-elle cachée Agatha Christie ? Pourquoi elle n’est pas ici avec nous prêter main-forte ?

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Agatha Christie en voyage

– Je suis ici, sur un navire ayant pour destination Madera, je voudrais vous conseiller une phrase intéressante du poète Novalis :

« Celui qui croit voir un géant, qu’il examine d’abord la position du soleil et fasse attention que ce ne soit pas l’ombre d’un pingouin. »

(Fragments de Georg Philipp Friedrich  Freiherr von Hardenberg, dit Novalis, écrivain, poète et philosophe allemand, 1772-1801)  http://www.moncelon.fr/novalis.htm

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André Masson, Portrait de Novalis (1939)

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« Quel est le décalage, l’écart entre cette photo et la précédente ? » (photo C.Patuzzi)

« Jouer  c’est expérimenter le hasard. » (Novalis, Fragments)

Claudia Patuzzi

 

004_Dans la cuisine I/III (histoires drôles n. 4)

23 mardi Avr 2013

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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éruption, becassine, bologna, castafiore, deruta, douanier rousseau, jean le rond d'alembert, naples, plinio il giovane, sublime, tacito, vesuvio

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Rien n’est plus ambigu qu’un miroir. (Photo de Claudia Patuzzi)

On est 10 h, dans un dimanche ensoleillé d’avril. Je paresse sous les couvertures en laissant glisser le temps, tout en poursuivant la lumière du soleil au-delà des rideaux. Des voix débordent de la cuisine.

Quelqu’un s’écrie à tue-tête : — Je n’en peux plus d’attendre !

Une autre voix, un peu rauque, répond : — au secours, je ne la supporte plus ! Elle ne fait que hurler !

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La chroniqueuse de l’histoire. (Photo de Claudia Patuzzi)

Cette dernière est la voix de la carafe de Deruta, qui croit être une véritable poule et en même temps une journaliste. Je le sais, elle est un peu toquée, les poules ne parlent pas, elles font cot…cot…codet, pourtant cette fois-ci elle a raison.
J’endosse le peignoir et passe dans la cuisine.
— Calme-toi, c’est moi qui vais lui parler !
La carafe regarde le cabaret d’où Bécassine lui lance un clignement d’œil, puis elle se calme.
Entre-temps, la voix aiguë continue à hurler :
— Quand commence-t-on ? Les policiers sont en train d’arriver… Est-ce qu’on a nettoyé la table ? Où est-elle la tribune ? Le papier d’argent ? Où est-elle l’affiche du concert ? La mise en plis mollit…
— Combien d’airs de grande dame ! Pour qui se prend-elle ? Elle devrait me remercier si je l’héberge dans ma cuisine… »
— Voilà l’affiche ! Êtes-vous contente, madame ?

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Affiche du concert (dessin de Claudia Patuzzi)

Carafe-Poule : — La célèbre chanteuse a décidé de faire un concert dans un endroit exceptionnel : une modeste cuisine de Paris, la Ville lumière !

Voilà qu’elle monte sur la tribune. Les réflecteurs s’allument : la chanteuse fait sa déclaration à la presse…

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La chanteuse parmi les réflecteurs. (Photo de Claudia Patuzzi)

Castafiore : — merci, merci à vous tous, mes fidèles fans et amis ! Nous devons résister, nous accommoder à tout dans ces temps difficiles ! Celui-ci est un humble concert de bienfaisance pour combattre la dépression. Même si la crise se répand, la musique peut nous aider, avec une belle voix. Le pouvoir de séduction de la musique peut bien créer une toile de fond capable d’illuminer un mur sombre et triste, le peindre à l’aide des mots et d’une belle voix, pour le franchir ensuite, ou alors l’abattre, avant de voler au-dessus des débris ! S’il n’y avait pas la musique, ni la voix, ni l’argent, on peut quand même imaginer cette toile de fond dans nous, à travers notre imagination, comme en cette petite cuisine…

Jean le Rond D’Alembert, dans son Discours préliminaire de l’Encyclopédie, avait écrit : « Toute musique qui ne peint rien, n’est que du bruit ! »

– Mais, qu’est-ce qu’il arrive ? Qui vois-je ? Voilà les policiers qui arrivent… Le spectacle commence !

005_IMG- 740Commencement du concert. (Photo de Claudia Patuzzi)

Carafe-Poule : Messieurs-dames bienvenus à Canal-cuisine ! La chanteuse est montée sur la tribune, protégée par deux… hem… deux cafards ! Je demande pardon, je voulais dire deux policiers qui scrutent alarmés tout autour d’eux. En fait il y a d’étranges bruits : quelqu’un est en train de laver des verres parmi des taches d’huile et de salse qui rebondissent sur « l’assiette »… excusez-moi, je voulais dire « la tribune »…

Voilà, la Castafiore commence à chanter. En suivant le conseil de Jean Le Rond D’Alembert, elle essaie de peindre des fleurs roses sur un fond blanc. Pourtant, ces fleurs n’ont rien à voir avec la « Carmen » de Bizet, elles font partie (hélas !) de la vieille poêle qui est au-dessous !

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On peut bien chanter debout sur une poêle… (Photo de Claudia Patuzzi)

Carafe-Poule : La voix de la Castafiore continue à peindre des sons dans la réalité invisible… Et voilà, messieurs-dames ! La cuisine disparaît petit à petit, l’assiette souillée disparaît elle aussi tandis qu’une toile imaginaire surgit du néant et des images explosent en des reflets compliqués accompagnant le rythme de la musique et le timbre de la voix. Ce n’est qu’au final qu’un rideau doré apparaît devant nos yeux, comme si c’était ici. C’est la merveilleuse toile de fond du théâtre communal de Bologne, ancienne ville du Moyen Âge, endroit gastronomique assez connu, surtout pour la cuisine du porc avec le saucisson, le jambon, le pied de porc farci, les cappellettis, les tortellinis, la piadina…

— Tais-toi ! Ce n’est pas la peine que tu t’attardes sur ces banalités !

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Bologne, théâtre communal. (Photo de Claudia Patuzzi)

Carafe-Poule : — avec la chanson qui suit la chanteuse à la poitrine plantureuse laisse l’opulente Bologne pour le sud d’Italie. Cette fois-ci, le mur est coloré en jaune, en bleu, avec un redoutable rouge : le golfe de Naples sur l’arrière-plan du Vésuve en éruption ! Le bleu du ciel se mêle avec le rouge vif des flammes projetant des reflets incandescents sur l’habit de la Castafiore… Depuis leurs barques, les pêcheurs émerveillés observent le phénomène… Personne ne semble avoir peur. La voix de la Chanteuse modèle la terreur par une étrange et terrible douceur. D’ailleurs, ne sommes-nous pas, nous aussi irrésistiblement attirés par les spectacles grandioses et incontrôlables ? N’aimons-nous pas le « SUBLIME » de la Nature avec le « n » majuscule ?

En ce moment, un souvenir effleure mon esprit : je pense à l’éruption du Vésuve en 79 après C., à laquelle assistèrent Pline le vieux (qui mourut asphyxié par les cendres) et son neveu Pline le jeune. Un signe prémonitoire de la nature pour briser notre indifférence ? Va savoir !

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L’éruption en 79 après C. – Reconstruction graphique (de Claudia Patuzzi)

Carafe-poule : — pour en finir, vous pouvez voir la chanteuse entourée par un public très attentif ressemblant comme une goutte d’eau aux personnages d’un tableau du douanier Rousseau… Il y a aussi une épouse et un petit chien noir… Les spectateurs écoutent en silence, fascinés…

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La chanteuse chante pour les orphelins et les pensionnaires des maisons de retraite. (Photo de Claudia patuzzi)

Carafe-poule : — il y a quelque chose qui ne marche pas… Mon Dieu, la chanteuse a mystérieusement disparu ! Un ravissement ? Du chantage ?

010_concerto 740La disparition. (Photo de Claudia Patuzzi)

Carafe-poule pousse un soupir avant de reprendre sa chronique : « Sur la tribune il n’y a que son châle argenté. Peut-être, la Castafiore a essayé de se défendre et le châle lui est tombé des épaules. Désormais, il ne reste qu’une toile de fond vide et muette. La cuisine est submergée par un brouhaha déconcerté… Tout le monde a un air égaré. “Et maintenant ?”  La vie est une série de soudains “et maintenant ?” qui nous tombent dessus sans nous prévenir. C’est peut-être à cause de cela que nous aimons nous dérober dans la fantaisie, dans les zigzags de promenades qui soulagent un peu notre anxiété… Désolée, mais la patronne ici me fait signe d’arrêter. Les policiers ne savent pas quoi faire. L’obscurité plonge sur la scène. On interrompt la transmission. Je vous attends tous au prochain épisode, à la même heure… ah ! Il y a encore une chose que je voudrais vous dire :

“Attention aux notes, elles sont invisibles, mais parfois elles piquent !”

Post-scriptum :

“… Au côté opposé un nuage noir et terrible, déchiré par des jaillissements de feu en lacets, s’ouvrait en vastes lueurs d’incendie, ressemblantes à des foudres, mais encore plus étendues. (…) Peu de temps après, ce nuage descendit vers la terre et couvrit la mer, en enveloppant toute chose, jusqu’à cacher Capri et enlever de la vue le promontoire de Miseno… Beaucoup de gens levaient les bras aux dieux, d’autres, plus nombreux, déclaraient qu’il n’y avait plus de dieux, car là on était à la dernière nuit du monde.”

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Pompei (Reconstruction graphique de l’éruption en 79 après C.)

“… Ab altero latere nubes atra et horrenda ignei spiritus tortis vibratisque dicursibus rupta in longas flammarum figuras dehiscebat : fulguribus illae et similes et maiores erant… Nec multo post illa nubes descendere in terras, operire maria : cinxerat Capreas et absconderat, Miseni quod procurrit, abstulerat. … multi ad deos manus tollere, plures nusquam iam deos ullos aeternamque illam et novissimam noctem mundo interpretabantur…”

(Pline le jeune, Lettre à Tacite, en Lettre à la famille, Rizzoli Editore, pp.. 485 et 487)

013_quadro pompei 450“Dernier jour de Pompéi” de Karl Brjullov (1830-1833)

Claudia Patuzzi

lien vers l’original en italien : http://wp.me/p3jqzu-13

 

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