• À propos

décalages et metamorphoses

décalages et metamorphoses

Archives de Tag: Borges

Oubli ou éternité ? (dessins et caricatures n.13)

06 vendredi Juin 2014

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

≈ 2 Commentaires

Étiquettes

Audrey Fournier, Borges, favela cybérnetique, GOOGLE formulaire d'oubli, Le Net, Leopardi

001_web180

Dessin à feutres noir et rouge, Paris, 2013. (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Le doute virtuel : Éternité ou oubli ?
Le Net contiendra nos données « ab aeterno », après notre mort ? Nos mots, nos messages les plus intimes, nos textes, nos photos les plus précieuses, habiteront-ils à jamais, immortels, à l’intérieur des « remparts » d’un blog ? Est-ce qu’ils deviendront un « musée individuel sur mesure » à montrer avec fierté à nos arrière-petits-fils du Troisième millenium  ?
Ou bien, au contraire, nos données ruminées par le temps du Net, seront-elles au fur et à mesure envahies par d’invisibles toiles d’araignée virtuelles, moisissures et spam ?
Dans cinquante ans, mon blog sclérosé ne ressemblera-t-il pas à un vieux château accoudé sur le gouffre vide de la « Fin des terres » ?
Et, tandis que les blogs flotteront à la dérive dans l’océan magmatique de Google, nos mots, nos phrases, nos propositions, nos tweets, nos espoirs, nos aveux, nos désirs, nos pensées, nos volontés ainsi que nos données… ne finiront-ils pas, eux aussi, comme il arrive dans le roman labyrinthique de Borges, pour se confondre avec des images et des pensées de plus en plus semblables entre elles, jusqu’à perdre totalement leur identité ? Ou, pire, ne finiront-ils pas pour être remployés ou reproduits par des autres dans un autre réseau ? Dans un autre endroit de la planète, tout en engendrant un « double » à nous qui nous appartient, mais ce n’est plus « nous-mêmes »…
Dans cet élargissement de la personnalité, nos avatars pourraient éprouver le même tressaillement que le grand poète Giacomo Leopardi devant la « haie de l’infini », ou alors se morceler en des millions de minuscules fragments ! Ou bien pourraient-ils exploser dans l’immense ciel du Net se mêlant avec les données d’autres internautes, devenus du jour au lendemain des pseudo-parents ou des sosies occasionnels ?

001_web paricolare 180

(cliquer sur le dessin pour l’agrandir)

Ne vous inquiétez pas. Nous sommes saufs : GOOGLE ouvre déjà la possibilité aux internautes européens de faire valoir un droit à l’oubli.
Peut-être, celle-ci est la future « réalité » qui nous attend…
Mais GOOGLE n’a pas pris en compte un petit détail. Un redoutable aspect de la condition humaine se déclenche spontanément, se révélant en fin de compte beaucoup plus grand et plus fort qu’on ne pourrait prévoir…
De quelle réalité parlé-je ?
Eh bien, c’est une chose simple, que j’ai trouvée, juste dans le gouffre infini du NET.
Un mot simple et très ancien : l’AMITIÉ !
Elle est suivie de sa fille : la SOLIDARITÉ !

Ne vous inquiétez pas, le retrait d’un lien ne s’applique qu’en Europe. GOOGLE-France, Espagne, Allemagne, Italie… ouvre la possibilité aux internautes européens de faire valoir un « droit à l’oubli.. »  qui permet de demander qu’un lien soit retiré des résultats de recherche, à condition qu’il soit « non pertinent, obsolète ou inapproprié. Google.com, qui concentre à lui seul 90% des requêtes sur le Web en Europe , examinera les demandes individuellement ».

« Hélas ! Mais, le lien ne disparaitra pas de Google.com – la version américaine du site – où est consultable par un internaute basé sur le sol européen. Une issue qui devrait laisser insatisfaits nombre de « plaignants ». (Le Monde, 3 juin 2014,  Les internautes se précipitent sur la formulaire d’oubli de Google, Économie et entreprise, p.7)
« Selon le Wall Street Journal, le moteur de recherche prévoit de dépenser plus d’un milliard de dollars dans une flotte de satellites destinés à étendre à des zones reculées de la planète l’accès à Internet. Le projet… démarrerait avec 180 petits satellites en orbite à des altitudes plus basses que les satellites ordinaire et pourrait ensuite se développer… »

Et la favela cybernétique ? Est-elle la « réalité » qui nous attend ?…

002_indien180- Version 2

Un indien Kaxinawa, dans l’extrême ouest brésilien ( Photo : Antoine Lorgnier, Biophoto, « Libération », 31 mai-1 juin 1014, cliquer pour agrandir )

 Claudia Patuzzi

Interface (histoires drôles n.15 )

13 dimanche Oct 2013

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

≈ 5 Commentaires

Étiquettes

Bernard Poulet, bibliothèque, Borges, calligraphie, disparition de l’écriture, iBook, interface, Libération, Lorraine Millot, orthographe, tablette, web

interface rouge_def 180 - copie

Dessin de Claudia Patuzzi, septembre 2013 – cliquez pour l’agrandir.

Le mystère des livres continuera à nous séduire. Il suffit d’un exemple : la bibliothèque, aussi imaginaire que réelle, de Jorge Louis Borges. Si les questions sur le relativisme de la lecture mettent en évidence son caractère subjectif et réconfortant, le papier nous fascine surtout pour le plaisir du contact, pour ce bruissement de la page qui effleure notre peau, pour la pression du lapis qui souligne un mot, une note ou un petit « x » pour ne pas oublier une remarque ou un point de vue intéressant… On est fascinés aussi par l’image captivante de la couverture, avec son aspect brillant ou mat, tandis que le volume ne cesse de nous étonner pour la capacité qui lui est propre de glisser de but en blanc dans un sac à main lors d’un voyage, tout comme un enfant qui s’endort au milieu d’infinis adjectifs, négations, points de suspension et interrogations. Sans oublier, enfin, le charme particulier généré par une ancienne bibliothèque, avec son silence feutré, la couleur chaude du bois, l’odeur poussiéreuse des étagères comblées de papier. Un labyrinthe vivant que nous pouvons parcourir librement…
Non, on ne peut pas tout déléguer au pouvoir de l’image et des yeux. Les mots imprimés sur le papier sont plus patients. Ils nous attendent sans hâte, nous le savons. Dans le cas des tablettes, de l’iPhone et de l’iBook, c’est surtout l’œil qui en est capturé, alors que la vitesse de la lecture augmente. Certes, les phrases glissent plus facilement ; on dirait même qu’elles s’envolent dans une mer houleuse où les messages du web chantent leurs appels de sirènes. Sur les tablettes, vous pouvez garder et copier sans effort des musiques, des films, des photos. Une avalanche de clics qui vont à la chasse d’images, de citations, de blagues. Cependant, la lecture silencieuse d’un livre est nourrie de mémoire et, justement en raison de la lenteur, elle profite d’un système d’habitudes physiques personnelles, faisant indissolublement partie de nous-mêmes, qui ajoute toujours les indispensables apports dont le livre a besoin pour devenir nôtre.
Eh bien ! Voilà que nous sommes arrivés au choix désormais inévitable : presse écrite ou univers virtuel numérique ? Durée éternelle du papier ou accélération ininterrompue de masses verbales sur le web ?
Qui va gagner la bataille ? Personne. Les deux adversaires sont pris dans le même piège tandis que l’un regarde l’autre dans le même miroir. Ce miroir c’est nous, les humains, destinés, déjà biologiquement, à une vie limitée, tandis que les livres imprimés résisteront après nous, au contraire, tout comme les éditions numériques et les réseaux virtuels. Comment pouvons-nous nous insérer activement dans cet univers en plein changement ? En exploitant de plus en plus notre attitude de lecteurs passionnés et critiques, tout en suivant librement notre instinct quotidien avec la petite contrainte de la cohérence avec nous-mêmes, avec la vie que nous-mêmes avons fabriquée : la seule chose que nous possédons.

Et l’orthographe ? Les enfants continueront-ils à écrire manuellement, ou devront-ils oublier la magie individuelle des lettres ?

le monde x interface 180

Bernard Poulet, Le Monde, 17 septembre 2013 – cliquez pour agrandir l’image.

P.S.
Dans un article intitulé « États-Unis, l’écriture sur la touche » ( Libération, 12 septembre 2013) nous lisons : « Les belles lettres rondes et attachées qu’on enseigne en France dès la maternelle sont en voie de disparition aux États-Unis, et avec elles, peut-être, toutes formes d’écriture manuscrite… Les nouveaux « programmes communs » adoptés par 45 des 50 États américains ne prévoient plus l’enseignement de l’écriture cursive, mais plutôt la maîtrise du clavier d’ordinateur… » On assistera, donc, à la mort de l’écrit, de textes argumentés, de la calligraphie ?
Un professeur universitaire de l’Arizone, cité dans le même article, ajoute : « On se préoccupe beaucoup de la queue du chien, mais il serait bon de veiller aussi à ce que l’animal lui-même soit en bonne santé. »

Claudia Patuzzi

Texte en ITALIEN

006_La paroi aveugle (histoire drôles n. 6)

10 lundi Juin 2013

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Borges, boulevard, Fervor de Buenos Aires, Haussmann, jardin, Meridiani Mondadori, traduction

001-La paroir.740

La paroi aveugle (photo de Claudia Patuzzi)

Un jour, dans mes vagabondages sans parapluie,  je suis tombée sur cette paroi tranchée, haute et large comme une tour du Moyen-Age, qui se rétrécit de plus en plus vers le ciel.
Ella s’élève au-dessus de moi en toute sa violence. De son apparence au debout de temps, – il y a cents ans ou plus –  ne reste que ce mur scié par un couteau comme  une tranche de gâteau. Une blessure absurde.  Un château de sable  détruit avec un coup de main par un enfant gâté.
Maintenant de tout ça il ne reste que  cette triste surface de briques, suspendue dans le vide, sans fenêtres, sans balcons, sans êtres humaines. Un mur « emmuré ».

Ces parois amputées, comme des bras ou des  jambes gangrenées, sont les enfantes illégitimes des immeubles d’Haussmann qui côtoient pompeux le boulevards. Ces obscènes cicatrices  sont les résultats des démolitions urbaines  réalisées dans les vieux quartiers, dicteés par une rationalité, aussi pratique qu’inexorable. Grace à cette « rationalité » les voitures peuvent circuler sans risquer  l’embouteillage. Mais le mur, comme beaucoup d’autres, est toujours là qui nous regarde, avec son impitoyable amputation.

002_Paroir_740

La cigogne (photo de Claudia patuzzi)

Mais qu’est ce que il y a au dessus sur la gauche ?Il me semble qu’il y a quelque chose… mais oui, c’est un cigogne au bec orangé qui grimpe avec ses ailes blanches vers une cheminée imaginaire. Peut-être elle est en train de chercher un petit enfant.
Quelqu’un, ayant de la pitié envers ce mur nu et vide, a peint ce petit miracle… Mais où regarde le mur ?

Je me retourne et j’ai une surprise inespérée. Juste devant le mur, derrière une grille peinte en vert, il y a un petit jardin à coté d’une église avec un arbre vert et or, envahi par des pigeons avides.

Çà me rappelle quelque chose…
La fable de la Belle et la Bête ?
Ou alors que le villes sont des cartes changeantes, toujours différentes de notre vie et de celle des autres ?

003 L'albero d'oro740

Le jardin avec l’arbre vert et or (photo de Claudia Patuzzi)

Cette grille et ce jardin me rappelle une poésie de Jorge Luis Borges (1899-1986), titrée « Llaneza », c’est à dire « Simplicité », une texte apparue en « Fervor de Buenos Aires », (1923), où « La prose vit avec le vers » écrit Luis Borges dans la Dédicace au lecteur en 1974,  dans la collection I Meridiani  Mondadori. Voilà trois versions de la poésie: en espagnol, en français et, enfin, en italien.

1. Llaneza

 Se abre la verja del jardin
con la dicilidad de la pagina
que una frecuente devocion interroga
y adentro las miradas
no precisan fijarse en los objetos
que ya estan cabalmente en la memoria.
Conozco las costumbres y las almas
y ese dialecto de alusiones
que toda agrupacin humana va ordiendo.
No necessito ablar
ni mentir privilegios ;
bien me conoscen quienes aquì me rodean,
bien saben mis congojas y mi flaqueza.
Eso es alcanzar lo mas alto,
lo quel tal vez nos dara’ el Ciel :
no admiraciones ni victorias
sino sencillamente ser admitidos
como parte de una Realidad innegable,
como las piedras y los arboles.

2. Simplicité 

La grille du jardin s’ouvre
Avec la docilité d’une page
Qu’interroge une fréquente dévotion.
J’entre dans la maison,
Et à l’intérieur les regards
N’ont pas besoin d’observer les objets
Qui sont déjà totalement dans la mémoire.

Je connais bien les habitudes et les âmes
Et ce dialecte d’allusions que va tissant
Tout groupement humain.

Je n’ai pas besoin de parler
Ni de feindre de privilèges ;
Ils ne m’ignorent pas ceux qui m’entourent,
Ils savent bien mes angoisses et ma faiblesse.

C’est là toucher à ce qu’il y a de plus haut
A ce que peut-être nous donnera le Ciel :
Non les admirations ni les victoires
Mais simplement d’être admis
comme une partie de la Réalité indéniable,
comme les pierres et les arbres.

004 SILouis Borges_740 2

3. Semplicità (in « I Meridiani Mondadori » , I vol. p.65 )

Si apre il cancello del giardino
con la docilità della pagina
che una frequente devozione interroga
e all’interno gli sguardi
non devono fissarsi negli oggetti
che già stanno interamente nella memoria.
Conosco le abitudini e le anime
e quel dialetto di allusioni
che ogni gruppo umano va ordendo.
Non ho bisogno di parlare
né di mentire privilegi ;
bene mi conoscono quelli che mi attorniano,
bene sanno le mie ansie e le mie debolezze ;
Ciò è raggiungere il più alto,
quello che forse ci darà il Cielo :
non ammirazioni né vittorie
ma semplicemente essere ammessi
come parte di una Realtà innegabile,
come le pietre e gli alberi.

P.-S. Avez-vous remarqué quelques différences entre les trois textes? Je crois surtout dans la traduction française, car elle implique toujours un décalage et une métamorphose entre le texte original et sa « transposition » dans une autre langue.
«Traducteur = Traitre.»
Chaque langue est un mystère !

Claudia Patuzzi

006 Cielo e alberi- 740Finalement un ciel azur entre des arbres, un espace ouvert aux rêves!

(photo de Claudia Patuzzi)

Articles récents

  • Un ange pour Francis Royo
  • Le cri de la nature
  • Jugez si c’est un homme (Dessins et caricatures n. 46)
  • « Le petit éléphant et la feuille » (Dessins et caricatures n. 45)
  • « Le miroir noir » (Dessins et caricatures n. 44)

Catégories

  • articles
  • dessins et caricatures
  • dialogues imaginaires
  • histoires drôles
  • interview
  • Non classé
  • poésie
  • voyage à Rome
  • zérus, le soupir emmuré

Archives

  • juillet 2017
  • avril 2017
  • février 2017
  • décembre 2016
  • novembre 2016
  • juillet 2016
  • juin 2016
  • mai 2016
  • avril 2016
  • mars 2016
  • mai 2015
  • avril 2015
  • mars 2015
  • février 2015
  • janvier 2015
  • décembre 2014
  • novembre 2014
  • octobre 2014
  • septembre 2014
  • août 2014
  • juillet 2014
  • juin 2014
  • mai 2014
  • avril 2014
  • mars 2014
  • février 2014
  • janvier 2014
  • décembre 2013
  • novembre 2013
  • octobre 2013
  • septembre 2013
  • août 2013
  • juillet 2013
  • juin 2013
  • avril 2013
  • mars 2013

Liens sélectionnés

  • analogos
  • anthropia
  • aux bords des mondes
  • blog de claudia patuzzi
  • colors and pastels
  • confins
  • era da dire
  • flaneriequotidienne.
  • Floz
  • il ritratto incosciente
  • j'ai un accent !
  • l'atelier de paolo
  • L'éparvier incassable
  • L'OEil et l'Esprit
  • le curator des contes
  • le portrait inconscient
  • le quatrain quotidien
  • le tiers livre
  • le tourne à gauche
  • le vent qui souffle
  • les cosaques des frontières
  • les nuits échouées
  • Marie Christine Grimard
  • marlensauvage
  • métronomiques
  • mots sous l'aube
  • passages
  • paumée
  • Serge Bonnery
  • silo
  • Sue Vincent
  • tentatives
  • trattiespunti

Méta

  • Inscription
  • Connexion
  • Flux des publications
  • Flux des commentaires
  • WordPress.com

Propulsé par WordPress.com.

  • Suivre Abonné
    • décalages et metamorphoses
    • Rejoignez 2 122 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • décalages et metamorphoses
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre
 

Chargement des commentaires…