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décalages et metamorphoses

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Archives de Tag: 1965

« La couverture rose » (dessins et caricatures n. 22)

05 vendredi Sep 2014

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

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1965, Bible, dessins et caricatures n 22, diable, Dieu, Gustave Moreau, Huysmans, religion, Salomé

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Crucifix à l’encre de Chine, journal, 1965.

Lors de mes sept/huit ans, mes parents me donnèrent une Bible illustrée en couleurs criardes. Grâce à ces images exotiques, à ces éclairs de sang, à ces figures puissantes, enveloppées dans d’amples manteaux… j’ai savouré la danse décadente et voluptueuse de Salomé, l’ardeur des extases dans le désert, la saveur ambigüe du mal se cachant dans les câlineries rusées de ce diable terrestre.
Pourquoi l’enfance est-elle une éponge qui absorbe toutes choses ?
Pourquoi son pouvoir rayonnant nous illumine-t-il (ou alors nous obscurcit) pendant toute la vie ?
Quand j’étais petite, je jouais dans le rôle de Dieu, debout au centre d’une couverture rose étendue sur le sol : un enclos magique entouré par les enfers.
Dans la couverture, j’étais Dieu : bon, miséricordieux, miraculeux.
Hors de la couverture, j’étais un petit diable nommé « Tripes noires » : rusée, mesquin et taquin…

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Le diable « Tripes noires », dessin à encre et crayons.

Seulement à Dieu, avant de dormir, je demandais des miracles : le don de la beauté, de la vue, de l’amour. J’étais convaincue que j’étais une araignée aux lunettes dans un monde parfait. Un pauvre avorton. De combien de béquilles ou baguettes magiques avons-nous besoin pour devenir grands ?
Connaître pour changer…
Puis, comme vous le savez, je me suis rebellée…

P.-S. Je viens juste de m’apercevoir qu’à côté de l’inscription I.N.R.I., sur la droite, il y a un gribouillis, peut-être un point d’interrogation…

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Gustave Moreau, Salomé qui danse devant Herode.

 Claudia Patuzzi

« L’homme jaune de Kafka » ( dessins et caricatures n.19 )

02 samedi Août 2014

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

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1965, Kafka, Le château, Tullio Pericoli

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Dessin en technique mixte, 1965 (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Dans un de mes cahiers de 1965, j’ai trouvé ce dessin, ne faisant qu’un avec cette phrase du  « Château » de Kafka : « Si l’on a la force de regarder les choses sans cesse, sans fermer les yeux, on en voit beaucoup ; mais, si l’on renonce, si l’on ferme les yeux, même une seule fois, tout se perd dans l’obscurité. » Tout de suite après ces mots mystérieux, j’avais ajouté deux post-scriptum : 1. La figure de l’homme jaune contre le fond noir exprime exactement ce que je voulais dire par rapport à cette assertion de Kafka. 2. Je vais lire éternellement ! Ça suffit ! À travers la lecture, je m’approche au sixième monde… En lisant, je le rencontre et cela m’encourage à m’y aventurer avec l’anxiété de découvrir une vie inattendue. Peut-être la mienne. J’attends. J’explore le sixième monde avec les mots des livres.

J’ai cherché cette phrase de Kafka dans l’édition italienne Mondadori, dans l’espoir de la trouver soulignée, mais j’ai échoué. En cette période-là, on était au milieu des années 1960 avec un tas de lectures sur le dos : Kafka, Proust, Sartre et bien d’autres…

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Les plusieurs faces de Franz Kafka, dessin de Tullio Pericoli (cliquer pour agrandir)

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Claudia Patuzzi

« Le corbeau » ( dessins et caricatures n.18 )

25 vendredi Juil 2014

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1965, Baudelaire, David Sinclair, dessin n18, Edgar Allan Poe, Gustave Doré, Josyane Savigneau, le corbeau, Mallarmé, Paul Valery, Philippe Sollers

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Claudia Patuzzi, dessin à technique mixte (cliquer l’image pour l’agrandir)

Ce dessin de 1965, plume et crayons colorés, ce petit homme solitaire qui traverse une grande arche, ayant de grands yeux apeurés ainsi qu’un corbeau noir assez laid sur la tête… ces cercles avec les croix… les rayons rouges et jaunes inondant l’air de mystère… Tout cela a été une réaction « instinctive » ou, pour mieux dire, terrorisée, à ma première lecture des « Contes » d’Edgar Allan Poe. Quatre d’eux en particulier m’avaient profondément touchée : le petit poème « Le corbeau », « Le masque de la mort rouge », « Le chat noir » et « Le puits et le pendule ». De lors, l’auteur du « Corbeau » devint pour moi un malheureux compagnon de route, un colocataire de ma pensée, l’habitant sacré et intouchable de ma bibliothèque, la source primaire (avec d’autres « amis ») du pouvoir de l’écriture.

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Illustration de Gustave Doré

Ou alors, come écrit Josyane Savigneau : « ce « Frère spirituel » de Baudelaire, « ingénieur des lettres » pour Valéry, « cas littéraire absolu » selon Mallarmé, le grand maître du fantastique, l’inventeur du récit policier, le précurseur du roman scientifique, le rénovateur du conte, l’annonciateur de la psychanalyse, » ce fut pour moi un ami immortel, un point de repère et en définitive mon propre pivot, toujours à la recherche de lui-même…

004_corvo72- Version 2« The story of Edgar Allan Poe is one of the great tragedies of literature.» ( David Sinclair ) Illustration by Salim Patell.

Claudia Patuzzi

« Les trois tickets » (dessins et caricatures n.17)

11 vendredi Juil 2014

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1965, collage, lire italienne, trois tickets, ville de Rome

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Les trois tickets, 1965 (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Les trois tickets

Les rails du chemin de fer « Monde-Paradis »
sont trois tickets de différentes couleurs :
dont un est orange, d’une tonalité assez vive,
pour traverser le couchant du fleuve ;
un autre, jaune d’or, pour fixer la splendeur des coupoles ;
le troisième est marron, comme les châtaignes d’automne,
pour saisir les soupirs qui comblent les rues.
La somme de tout ce voyage ce sont
cent-vingt-cinq marches étoilées…

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Quelques lires que j’ai conservées. (cliquer pour agrandir)

Claudia Patuzzi

P.-S. : On y parle de la ville de Rome. La lire italienne  (en italien lira au singulier et lire au pluriel) est l’ancienne unité monétaire de l’Italie de 1861 à 2002, et qui fut remplacée par l’euro en 2002. Jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, une lire italienne était divisée en 100 centimes (centesimi ou en cent fois un centesimo). Il était usuel d’utiliser le symbole ₤ devant le chiffre.

Les mains (dessins et caricatures n. 16)

04 vendredi Juil 2014

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

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1965, dessins et caricatures n.16, François Victor-Fournel, Gilbert Bécaud, Henri Matisse, Jacques Prévert, Joêlle Bolloch, La photographie, Les mains, Musée d'Orsay

 

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Croquis au stylo , 1965 (cliquer sur l’image pour l’agrandir)
« Dieu fait ce qu’il peut de ses mains, mais le diable fait beaucoup mieux avec sa queue. »
(Jacques Prévert)

J’ai toujours eu honte de mes mains, tellement petites qu’on dirait les mains d’une enfant qui mange ses ongles. Pour ne pas montrer mes ongles consommés, je cachais mes mains derrière le dos, dans les gants ou dans les poches du paletot.
J’ai toujours éprouvé de l’envie pour les mains fuselées, avec des ongles émaillés en forme de croissant de lune.
En revanche, j’ai toujours observé les mains des autres. Dans le bus, j’en épiais les rides et les nœuds, les veloutés ou les callosités. Je fixais les taches de la peau jusqu’aux pellicules, tout en évitant, évidemment, de connaître le visage de leur propriétaire. Je commençais toujours par la main et le poignet. Puis, de déduction en déduction — quel travail fait-il ? Est-il marié ? Célibataire ? – j’essayais de reconstruire sa gueule… Juste au moment où ce visage imaginaire se détachait dans mon esprit, j’osais lever la tête pour vérifier la réalité…
Un jour de l’année 1965 j’ai eu le courage de faire un croquis au stylo de mes mains sur mon cahier d’école. C’était la période « pasolinienne », le temps de la vérité, où le sentier de la vie se penche pour la première fois dans l’inconnu, à travers plusieurs branches enchevêtrées… Je voulais me laver les mains de mon petit complexe d’infériorité. Le moment était arrivé. Je pouvais finalement « regarder » et « accepter » mes mains, c’est-à-dire moi-même.
D’ailleurs, chaque époque a eu « ses mains. »  Ses rites ! Ses gants…

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Les mains des autres… Rijksmuseum,  Amsterdam (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

« Il est rare qu’un bourgeois se fasse prendre sans les mains, ou alors ce sera malgré lui. Un portrait sans mains n’existe pas pour le bourgeois : c’est quelque chose d’incomplet comme un cul-de-jatte. La posture et l’expression de mains le préoccupent au plus haut degré. » (François Victor-Fournel, chroniqueur de la vie parisienne en Ce qu’on voit dans les rues de paris, 1858)

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Verner, homme avec une bague.

Les dessins parlent. Ils sont des messages ou des signaux d’alarme, le fruit de quelque chose que nous ne savons pas exprimer par mots. Un « surplus » capable d’entailler le marbre avec une simple ligne de crayon, une traînée d’encre ou alors un tourbillon de couleurs… Une  « langue » capable de grandir à l’intérieur de nous ainsi que des autres  pour germer  d’un coup… quand on devient âgés, ou pendant une promenade quelconque…
Nous sommes des langues qui marchent, des dessins qui colorent, des mains qui parlent.

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 Anonyme, femme aux bagues, 1840-1850.

Je voudrais donner le dernier mot à Matisse : « Si j’ai confiance en ma main qui dessine, c’est que pendant que je l’habituais à me servir, je me suis efforcé à ne jamais lui laisser prendre le pas sur mon sentiment. Je sens très bien lorsqu’elle paraphrase, s’il y a désaccord entre nos deux : entre elle et le je ne sais quoi en moi qui paraît lui être soumis. » (Henri Matisse, 1972,  dans Joëlle Bolloch, La main, La photographie au Musée d’Orsay, Musée d’Orsay, 5 Continents, 2007, p.15)

Claudia Patuzzi

Gilbert Bécaud, Mes mains (1958)

 

 

 

 

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