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décalages et metamorphoses

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Archives d’Auteur: claudiapatuzzi

Maintenir les hommes dans une constante insatisfaction d’eux-mêmes… (Dessins et caricatures n. 43)

25 vendredi Nov 2016

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Gabriel Garcia Marquez, Isabel Allende, Mario Vargas Llosa

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Maintenir les hommes dans une constante insatisfaction d’eux-mêmes…

L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa (« La tante Julia et le scribouillard », « La Maison verte »…) avec le Colombien Gabriel Garcia Marquez (« Cent ans de solitude ») et la Chilienne Isabel Allende (« La maison aux esprits », « Paula »…) ont été et seront toujours, pour moi, un trio fascinant et inséparable ainsi que des compagnons de vie capables de « tisser » des histoires envoûtantes et douloureuses au sujet de leurs pays : une espèce de « scanner » magique apte à dévoiler l’essence de tout être humain, dans le bien et dans le mal, dans la raison et dans la folie, une psychanalyse du Pérou et de la société latino-américaine par le biais de mots que je ne cesse pas d’avaler comme s’ils étaient fondus dans le chocolat amer….

Ce dessin au crayon de Mario Vargas Llosa jaillit d’une photo de l’écrivain péruvien parue lundi 7 mars 2016 sur Libération (1) soigneusement gardée dans un classeur. D’un coup, hier, la photo a repris vie et ma main est partie toute seule : d’abord, le contour du visage ; ensuite les cheveux, enfin les yeux noirs comme de la poix, à peine visibles sous les poids des paupières… comme si je connaissais depuis longtemps ce visage et ces yeux sombres et pensifs.
Voilà un extrait de son discours en l’occurrence du Prix Romulo Gallegos, en 1967. Des mots qui ont fait sursauter mon cœur : « La mission de la littérature est d’agiter, inquiéter, alarmer, maintenir les hommes dans une constante insatisfaction d’eux-mêmes… Plus les écrits d’un auteur sont durs pour son pays, plus intense sera la passion qui unit l’un à l’autre. Car, dans le monde de la littérature, la violence est une preuve d’amour. » (2)

Claudia Patuzzi

(1) L’article sur « Libération » a été traduit de l’espagnol par Philippe Lançon.
(2) Les œuvres romanesques de Vargas Llosas, sous la direction de Stéphane Michaud, ont été réunies dans la « Pléiade » par Gallimard (2 tomes) et traduites de l’espagnol par Albert Bensoussan, Anne-Marie Casé et Bernard Lesfargues.

Une rencontre à République (Histoires drôles n. 40, Dessins et caricatures n. 36 )

11 vendredi Mar 2016

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Marianne, Olympe de Gouges, Place de la République, street-art

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Claudia Patuzzi, tableau, oil, 2016 ( cliquer pour agrandir)

— Qui est-elle ?
— …en train de courir comme une folle…
— Voyez comment elle est tout émaciée, elle semble sortir d’Auschwitz !
— Et ses cheveux ?
— Ils sont rouges, ébouriffés comme des flammes…
— Elle semble fâchée…
— Êtes-vous aussi en train de regarder cette femme ? Elle est assez étrange…
— Quoi ? Dites-moi, s’il vous plaît, de qui vous parlez.
— Pardon, Mademoiselle, cela ne vous regarde pas !
— Voilà des gens bien éduqués, au revoir !
— Les gens se mêlent toujours…
— Exactement… regarde, cette furie a changé de trottoir, maintenant elle est en train de s’approcher…
— Mon Dieu ! il me semble de la reconnaître…
— Médée ?
— Non… Elle ne tuerait jamais ses propres enfants !
— Cassandre ?
— Non, même si elle affiche un air déprimé…
— Une des Érynies, alors ?
— Arrête avec ces citations classiques, tu as trop de fantaisie ! Peut-être, elle doit tout simplement se rendre chez le coiffeur…
— La révolutionnaire Olympe de Gouges guillotinée sous le Terreur ?
— Pas de tout, son buste sera installé salle de Quatre-Colonnes, un des lieux les plus fréquentés du Palais-Bourbon…
— Une… clocharde ?
— Presque…
— Voilà, j’y suis… elle ressemble à quelqu’un que j’ai déjà vu… Mais je n’arrive pas à saisir qui elle est.

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— Oui, j’aurais dû le deviner tout de suite : c’est la Marianne, elle demeure au sommet du monument de Place de la République !
— Mais bien sûr, vous avez raison, c’est elle, la statue ! Elle vient juste de descendre du piédestal !
— Ne vois-tu pas qu’elle change de couleur ? Par moments, elle est voilée de bleu, puis de rouge et de blanc…
— …comme le drapeau français !
— Savais-tu que tu es très intelligent ?
— Je vais m‘émouvoir… Ma patrie… Paris… la France !
— Je me demande où elle va.
— Suivons-la !
— Chut ! Elle rentre dans le boulevard…

La femme s’approche d’un homme assez bizarre, tout recouvert de bandes, assis sur le trottoir près d’un de ces nouveaux arbres encore jeunes qu’on a plantés dans la place. Il a un journal dans les mains… Elle le caresse…
— Mais qu’est-ce qu’elle fait ?
Un clochard murmure : — elle est partie consoler son fils : le 2015 !

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Mark Jenkins (États-Unis), sculpture en ruban adhésif et journaux, en trois dimensions, Séoul, Corée du Sud, 2010. (cliquer sur la photo pour l’agrandir)

Claudia Patuzzi

« Voyage à Rome n.4 » (histoires drôles n.38)

19 mardi Mai 2015

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place Saint Pierre, Rome, voyage

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Les boutiques très chères, les mannequins dernier cri, les vendeurs de glaces, la pacotille religieuse de Borgo Pio ont désormais disparu… Je me dirige automatiquement vers les hauts remparts, un monde que je ne vois plus depuis cinq ou six années. Une frontière entre deux sphères : celle de la réalité et l’autre, l’univers idéal. Le quartier populaire et celui que Dieu et l’Art ont créé. Nous sommes désormais en vue des grandes murailles, quand le pape en personne, en forme splendide, vient envers nous… Je reste ébahie devant cette exubérance… celui-ci serait capable de traîner dans le Paradis même une mouche… « Bon voyage dans notre grande maison ! » il s’écrie, en agitant la main.

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… encore bouleversés par cette rencontre inattendue — « un Pape volant ressemblant à Superman ! » —, nous nous dirigeons vers Saint-Pierre en passant sous un grand arc comblé de « pèlerins »…

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Tout d’un coup, je me trouve à l’intérieur d’un espace où je ne reconnais qu’une « pensée ». Une pensée parfaite et lumineuse, dont l’essence est la pierre, où une myriade de vues et de perspectives vertigineuses ouvrent des visuelles obliques sur des architectures disparates se superposant dans un immense bois blanc et rose…

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Les colonnes, puissantes, mais élancées, nous guident vers quelque chose de grand : un parcours allégorique, de pilier en pilier, évoquant les escalades aux pyramides ou l’entrée cachée d’une chambre secrète… Voilà un palais qu’on dirait bâti dans le ciel…

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Rome est donc devenue cet étrange (douloureux) pèlerinage après de longues années absentes ? Après Turin — ma ville-pont préférée entre France et Italie —, après Paris, cette ville vive et grise à la fois, Rome se matérialise dans ce bois de colonnes et de longues ombres glissant comme du velours sur la surface de cette pierre lisse et dure… Ces jambes blanches de « travertin » m’accompagneront, fidèles, au retour… Au milieu de ces architectures majestueuses, mon passé minuscule se reflète à peine sur cette couche blanche et rose de la pierre de Saint-Pierre qui me rappelle, avec une sorte d’arrogance, le « poids » de l’Histoire…

D’ailleurs, c’est un fait : chaque voyage, ou pour mieux dire « chaque retour » bouleverse nos certitudes, nos « tableaux d’idylles », nos souvenirs, nos projets… Rien ne demeure à sa place. Le Prisme reflète des éclairs multicolores tandis que les rides s’amusent à poursuivre nos émotions d’avant avec celles d’aujourd’hui. Ô voyage ! Il nous donne la possibilité de re-voir, re-penser, ré-construire notre petite maison rouillée par la pluie…

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Mais, qu’est-ce qu’il arrive ? Une voix de femme dans les haut-parleurs bondit de la rue. Je m’accoude au parapet : un cortège douloureux. Des bannières rouge-vert que je ne sais pas identifier, un camion. Je ne peux pas me passer de quelques photos… Quand se terminera-t-il ce chapelet de souffrances subies et remémorées ? À Paris, les rues sont devenues des tapis roulants où coule la voix du monde, des films d’ailleurs affreusement réels, animés de personnes vivantes… Ô Histoire, qu’attends-tu pour donner une voix et de la force à tes souffrances ? Pour rendre la faculté d’entendre aux sourds qui s’y refusent ? Pour donner la vue aux aveugles qui se sont accoutumés à ne rien voir ?

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J’essaie de retrouver le fil coupé de mon itinéraire fataliste. Une porte s’ouvre. J’entrevois la place Saint-Pierre, l’obélisque, la cohue des gens… mais où s’est caché l’autre troupeau, celui qui marchait sur le boulevard ?

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Finalement, le ciel. Que dis-je ? Ce n’est pas un ciel quelconque, mais « le » ciel de Rome, celui que j’ai laissé il y a six ans : tellement bleu, limpide, presque irisé. Ce ciel qui te donne la force de vivre. Avec cette couleur unique que je n’oublierai jamais, jusqu’à ma mort… de l’autre côté de la colonnade se détachent les ombrelles des pins du Gianicolo, là où commencent les prés de la grandiose Villa Doria Pamphylie…

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À travers la place encombrée de chaises pour les pèlerins, en attendant, le dimanche, le discours du pape…

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Dès que j’arrive de l’autre côté du cercle de colonnes et statues, je me retourne en arrière une dernière fois. L’ombre et la lumière fusionnent, le soleil entame doucement sa descente… La fable va se terminer sur un immense plateau de théâtre, une véritable métaphore du monde… Le cercle, le rectangle, les statues, le centre, la fontaine, les bras qui s’étendent pour serrer le vide dans une étreinte douloureuse…

Claudia Patuzzi

« Ascension au Centre Pompadour » (dessins et caricatures n. 33)

14 jeudi Mai 2015

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caricatures, Centre Pompadour, Centre Pompidau, Claudia Patuzzi 2015, dessin

001_ascension-180« Ascension au Centre Pompadour » (15 maggio 2015) : feutre rouge, staedtler pigment noir.  (cliquer pour agrandir l’image)

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Le lit en alcove de la marquise Pompadour ( Châteu de Versailles )

Claudia Patuzzi

« Les livres anciens au Grand Palais-3 » (histoires drôles n. 37)

12 mardi Mai 2015

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Blaise Cendrars, expo livres anciens, Grand Palais, Métro Opéra, Paris, Transsibérien

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À l’improviste, la lumière s’obscurcit. La grande coupole au-dessus de moi est devenue un enchevêtrement de cercles luisants couleur gris de fer. « Il n’y a plus de temps ! Cela va faire tard, je pense tout en regardant autour de moi : il y a encore tellement de surprises, de livres à découvrir… »

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Le concert des joueurs de la clarinette s’est terminé. Doucement, les visiteurs s’empressent vers la sortie, serrant contre leurs poitrines des tuyaux de cartons, des livres, des tableaux soigneusement enveloppés dans des voiles de papier blanc.

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Avant de me joindre à la petite cohue, je me rends chez Blaise Cendrars, trônant au milieu de ses « Poésies complètes », Éditions Denöel, avec sa propre dédicace. Dans ses mots — « Vive la poésie ! » — qu’il avait écrits au stylo, je reconnais son autographe. Le rythme ondoyant et puissant de son « Transsibérien », que nous avons répété plusieurs fois, par cœur, au cercle du Marais, résonne encore dans mon esprit…

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Que vois-je ? Un homme plié en deux est en train d’observer très attentivement d’anciens documents…

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… Mais je vois bien de quoi il s’agit ! C’est un précieux parchemin écrit en arabe ayant au milieu une scène colorée : sur une montagne enneigée, il y a un homme au turban entouré d’autres gentilshommes… Qu’est-ce que cela signifie ? Je pense intérieurement, tandis que le vendeur…

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… il se promène de long en large, à petits pas, nerveusement : est-ce qu’il vendra ce petit chef-d’œuvre, malgré son prix ?

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… C’est un livre recouvert de la soie fuchsia, brodée de magnifiques fleurs. Mais, qu’est-ce qu’il s’y cache là-dedans ? Un manuel sur les plantes et les jardins ? Des histoires d’amour ? Le paradis terrestre ? On ne le saura jamais…

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Pour ne pas assister à sa défaite ou alors à sa victoire tout à fait improbable, je m’en vais regarder une étrange estampe au-dessous d’un verre… Un très joli théâtre en carton… jusqu’au moment où une tache colorée attire mon attention…

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L’air a changé, se colorant d’une couche d’argent sombre. Des lueurs célestes se faufilent dans l’immense toile d’araignée métallique qui pourrait aussi bien servir de volière… Sans vraiment m’en apercevoir, je me dirige vers la sortie où m’attend une sorte de rêve : le Petit Palais offre des lumières dorées à la fête langoureuse du crépuscule. Je reste immobile pendant des minutes, le regard fixé devant moi : Paris ne cesse pas de me surprendre !

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Mais quand je descends dans le métro « Opéra » je sens mon sang se geler : le plafond de la galerie est empesté par des taches grises, gonflées par l’humidité ! Ce sont des fuites d’eau… que de remèdes provisoires essayent vraiment de cacher ou de renforcer !

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Les parois au long du quai souffrent elles aussi de la même gangrène… Pourquoi les rêves doivent-ils toujours finir ?

Claudia Patuzzi

 

 

Les livres anciens au Grand Palais-2 (histoires drôles n. 36)

05 mardi Mai 2015

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Albertine disparue, Annie Le Brun, Antoine de Saint-Exupéry, Celine, Grand Palais, Léon Tolstoj, Les chateaux de la subversion, livres anciens, Marcel Proust, marquis de Sade, mort à crédit, portraits, résurrection

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(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Voilà, me voici de nouveau, toute seule dans le Grand Palais ! Après avoir salué mon amie libraire, je me promène curieuse et indécise au milieu des autres stands comblés de livres, gravures, dessins, petites statues ainsi que d’étranges objets. Un labyrinthe géométrique… quelle direction vais-je prendre ?

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Portrait de Marcel Proust. Crayon gras de couleur et gouache, signé en bas à droite et encadré. (cliquer pour agrandir l’image)

Un aimant invisible m’attire vers une colonne… où pointent les portraits d’écrivains célèbres, réalisés à marqueur de couleur ou gouache…
Je m’approche avec précaution au visage violet foncé : « Bonjour, monsieur Proust ! » Il me regarde un instant, ébahi, avant de commencer à parler à voix basse, comme s’il s’adressait à lui-même : « Tâchez de garder toujours un morceau de ciel au-dessus de votre vie (…), car la force qui fait le plus de fois le tour de la terre, en une seconde, ce n’est pas l’électricité, c’est la douleur. » (1) Juste après ces mots il devient à nouveau silencieux et mélancolique…

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Portrait de Léon Tolstoj, l’incontournable auteur de « Guerre et paix » et « Résurrection ». Gouache de couleur, signée en bas à gauche. (cliquer pour agrandir l’image)

Mais les deux portraits, signés « Nabe« , sont assez différents l’un de l’autre ! Le portrait de Tolstoj est l’opposé de celui de Proust : dans le visage de l’écrivain français, les yeux sont deux puits rêveurs pleins de nostalgie enfantine ; les yeux de Tolstoj, vivement marqués de noir, paraissent, au contraire, renfrognés et pensifs, gonflés de responsabilités et, en même temps, imprégnés d’une force retenue… Aux moustaches bien soignées, à la bouche rouge et voluptueuse de Marcel, s’oppose la longue barbe fourchue du créateur de Pierre Bézukov et du prince Andrëj, partagée dans un dilemme insoluble : « pourquoi y a-t-il autant d’injustice dans ce monde ? »  Des reflets métalliques dessinent une auréole marron sur sa tête chauve, tandis que le visage d’enfant de Proust s’effondre mollement contre un rideau céleste aux nuances blanches : celui des rêves ? De ses souvenirs perdus et retrouvés ? Des odeurs soudainement ressuscitées ?

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Le marquis de Sade: portrait de l’écrivain rédigeant avec sa plume son célèbre texte « 120 journées de Sodome » sur un roulant de papier. Marqueur de couleur, signé en bas à gauche, encadré. (cliquer pour agrandir l’image)

« Quelque chose commence et finit dans le château de Sade. Ce qui finit, c’est l’assujettissement de l’objet à l’idée, mais en même temps l’asservissement de l’imaginaire à l’ordre du monde. Ce qui commence, c’est une suspicion infinie des apparences et à travers le plus dangereux jeu de miroirs la rencontre de la couleur noire. » (3)

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Antoine de Saint-Exupéry: portrait de l’écrivain à la cigarette. Marqueur de couleur, signé en bas à droit, encadré. (cliquer pour agrandir l’image)

Qui n’a jamais lu « Le Petit Prince » ? Moi, par exemple ! Je l’ai découvert tard, à Paris, tout de suite après mon déménagement de Rome… et cela a été foudroyant, comme un miracle. Je l’ai lu en italien et en français et j’ai vu la vie et le monde se coaguler dans un seul mot. J’ai compris la valeur de la simplicité. La chaleur du don sincère. L’ardeur de la solidarité. La présence puissante et discrète de cet homme volant, sincère et courageux, disparu un jour dans les abîmes de la mer. Une mort mystérieuse qui rend encore plus grand son message poétique et humain. Un conseiller précieux ainsi qu’un poète visionnaire de nos temps… comme le « Petit Prince » ou le sourire des enfants.
Je me souviens de ces mots : « Nous ne demandons pas à être éternels, mais à ne pas voir les actes et les choses tout à coup perdre leur sens. Le vide qui nous entoure se montre alors… » (4) Vol de nuit, éditions Gallimard, p.163

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Voilà enfin de l’écrivain Louis-Ferdinand Céline (nom de plume de Louis-Ferdinand Destouches) dans son portrait à la cigarette. Les reflets de la structure métallique du Grand Palais se projettent sur le verre, en dessinant une espèce de cage verte… Miroir de l’angoisse de cet homme compliqué ? Céline me regarde en biais, avant de me susurrer : « mon véritable tourment c’est le sommeil ! Si j’avais toujours bien dormi, je n’aurais pas écrit une seule ligne. » (5)

Claudia Patuzzi

(1) « Albertine disparue », dans « À la recherche du temps perdu« , vol. 15, Marcel Proust, éd. Gallimard, 1946-1947, chap. 1 (« Le chagrin et l’oubli »), p. 70

(2) Résurrection, Léon Tolstoï (trad. Teodor de Wyzewa), éd. Perrin, 1900, chap. V, p. 69 (texte intégral sur Wikisource)

(3) Les châteaux de la subversion, Annie Le Brun, éd. Garnier Frères, coll. Folio Essais, 1982 (ISBN 2-07-032341-2), partie I, Un rêve de pierre, p. 80Sade :

(4) Mort à crédit, éd. Gallimard Folio, 1952, p. 17.

Les livres anciens au Grand Palais (histoires drôles n. 35)

28 mardi Avr 2015

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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dessins, Giacometti, Grand Palais, Jacques Léchantres, Les ingenus, livres anciens, livres de A à Z, Paris, Simenon, Verlaine

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Il y a deux heures, j’ai eu la force d’abandonner le chaos de mon bureau, les blocs-notes, les stylos, les feutres, les attaches, la corbeille qui déborde, les romans « in fieri »… et, surtout, le regard inquisiteur et légèrement mélancolique de mon Giacometti… Il me suffit de lever pendant un instant les yeux au-dessus de l’ordinateur pour entendre distinctement sa pensée : « Qu’attends-tu ? Au Grand Palais, l’exposition des livres anciens est en cours… Dépêche-toi, avant que tout cela ne disparaisse ! »
Peu de temps depuis, me voilà, juste en face de l’entrée… Une amie libraire nous attend !

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Avant d’entrer, je lève la tête vers la grille en acier brodé, surmontée par des décors en pierre beige, souple comme la mie du pain… De ses petites mains rondes, un enfant grassouillet est en train de modeler un vase jusqu’à l’ébauche d’un visage qui pourtant n’affiche pas un air vraiment satisfait…

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Le regard du guichetier me gêne… ses yeux me fixent longuement d’un air méfiant, jusqu’à ce qu’il décide de ranger mon sac à dos en échange d’un billet… Et l’enfant grassouillet ? Aura-t-il fini de gâcher son vase ?

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Je viens juste d’entrer et voilà qu’un homme à la grande paille, arborant une physionomie orientale, époussète les baies vitrées et les affiches… Sa silhouette est dépourvue de poids et d’épaisseur : est-ce qu’il est le génie des lieux ?

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Un policier est là pour toute émergence, à disposition du public… Un autre « défenseur » à la présence discrète, prêt à glisser sur la pointe des pieds, devenant lui aussi presque invisible…

006_stand-180Stand librairie « de A à Z » (cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Je marche en direction du petit stand de notre amie libraire, au bout du couloir de gauche, juste en deçà de l’espace recouvert de velours rouge qu’on a consacré aux conférences et aux exhibitions des joueurs de clarinette…

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« La voici, finalement ! Je te vois ! Tu vas bien ? »
« Je crois que oui, je suis encore sur la brèche ! Le livre papier, le livre physique de toujours, il doit résister, pour qu’on puisse le feuilleter avec délicatesse et passion à la fois… il doit serrer le passé par la queue pour ne pas se faire oublier ou absorber dans le confus univers numérique… »

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Stand  de livres ( cliquer pour agrandir )

Béatrice nous accueille dans un parallélépipède en bois blanc, rempli d’étagères comblées de livres anciens… je m’approche pour les effleurer, quelque chose pourtant repousse ma main… puis je m’aperçois que tous ces livres en relief n’existent pas. Ce n’est qu’une illusion, une fausse piste : un trompe-l’œil en bois peint… D’ailleurs, les livres ne sont-ils pas cela aussi ? N’ouvrent-ils pas des mondes possibles, des univers inconnus, des espoirs inattendus ? Ou alors des horreurs qui reflètent nos cauchemars ? La force de la « bonne » écriture transforme chaque détail en un micro-univers et chaque rien en un « tout ». La rêverie en est la levure.

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(cliquer pour agrandir)

« Viens », dit Béatrice, « viens voir mon stand, mon Simenon et mon Verlaine… »

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Recuil : Fêtes galantes – Jadis et naguère, Paris, Éditions  de Cluny, 1939, ornés de 20 dessins originaux de Jacques Léchantres.  (cliquer pour agrandir l’image)

Voilà le septième poème de Paul Verlaine : « Les ingenus »…

Les hauts talons luttaient avec les longues jupes,
En sorte que, selon le terrain et le vent,
Parfois luisaient des bas de jambes, trop souvent
Interceptés ! – et nous aimions ce jeu de dupes.

Parfois aussi le dard d’un insecte jaloux
Inquiétait le col des belles sous les branches,
Et c’était des éclairs soudains de nuques blanches,
Et ce régal comblait nos jeunes yeux de fous.

Le soir tombait, un soir équivoque d’automne :
Les belles, se Pendant rêveuses à nos bras,
Dirent alors des mots si spécieux, tout bas,
Que notre âme depuis ce temps tremble et s’étonne.

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Capitaine sur un transat (cliquer pour agrandir l’image)

…et le petit livre de poèmes illustrés, où le marin, ou mieux le capitaine en personne, allongé sur un transat, est en train de lire, tout en fumant sa pipe… Je lis les quatre vers en gras dans la page à côté… et tout de suite je me sens renaître. Des vers anciens ? Pas du tout ! La vraie poésie ne connaît pas le temps qui passe… l’écriture non plus. Elles ignorent tout à fait la vieillesse. Ce quatrain est dense de vie et d’expérience, comme ce capitaine qui préfère savourer sans hâte sa pipe et voyager déjà, poursuivant la fantaisie d’une histoire, d’un récit, d’un sonnet parfumé d’oranges glacées, avant que son vaisseau lève l’ancre en direction de terres inconnues et dangereuses. Serait-ce quoi la vie, si l’on ne profite pas des petites choses avant que la tempête éclate ?

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Sous la voûte (cliquer pour agrandir l’image)

Claudia Patuzzi

« Le labyrinthe de la souris » (poésies n. 5)

23 jeudi Avr 2015

Posted by claudiapatuzzi in poésie

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Angleterre, Christchurch, Doset, labyrinthe, poésie, rat, souris

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Le plus grand labyrinthe du monde. Christchurch, Angleterre. (cliquer pour agrandir)

♣   ♣   ♣

En vérité, en vérité je vous le dis !

Il était une fois une souris

un rat très exigu en vérité

qui bâtit avec ses excréments

jour après jour

mois après mois

durant des années

un labyrinthe tellement petit

tellement enchevêtré imprévisible illusoire

rusé tordu baroque contradictoire multi-ethnique

un labyrinthe

d’herbe de papier de bois d’ouate de miel de parmesan de lego d’amiante

de papier toilette

destiné

à être un beau jour par hasard piétiné par une chaussure

ou avalé par une taupe ennuyée

ou emporté par jalousie

ou d’autres vaniteux sentiments

par un oisif

minuscule

souffle

de

vent

!

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Claudia Patuzzi

« Ascension après l’enfer » ( histoires drôles n.34 )

19 dimanche Avr 2015

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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Enfer, Eurydice, histoires drôles, Les Métamorphoses, metro, Orphée, Ovidio, Paradis

001_metro-inferno180L’enfer (cliquer l’image pour l’agrandir)

Orphée : «  .. Ô divinités de ce monde souterrain où retombent toutes les créatures mortelles… si vous permettez que… je dise la vérité… je suis venu chercher ici mon épouse :… J’ai voulu pouvoir supporter mon malheur et je l’ai tenté, je ne le nierai pas ; l’Amour a triomphé. C’est un dieu bien connu dans les régions supérieures ; l’est-il de même ici ? Je ne sais… Par ces lieux plein d ‘épouvante, par cette immense Chaos, par ce vaste et silencieux royaume, je vous en conjure, défaites la trame du destin d’Eurydice… Je ne demande pas un don, mais un usufruit. »

002_scala180

« Ils prennent, au milieu d’un profond silence, un sentier en pente, escarpé, obscur, enveloppé d’un épais bouillard… »

003_arrivo180

« … ils n’étaient pas loin d’atteindre la surface de la terre, ils touchaient au bord . » (1)

004_fine180

…mais Orphée reste silencieux, tout en évitant de regarder son épouse, jusqu’à l’instant où le Ciel, parsemé de jolis nuages, s’ouvre au-dessus d’eux comme un ange aux ailes dorées… (2)

Les Métamorphoses sont comme les fontaines de Rome, d’où l’eau ne cesse de jaillir…

Claudia Patuzzi

(1) Ovide, Les Métamorphoses, chapître X, Édition Jean-Pierre Néraudau, traduction de George Lafafaye, Éditions Gallimard 1992, folioclassique.

(2) Je viens d’ajouter ici une petite phrase à moi.

Toutes les photos sont agrandissables. 

« Voyage à Rome » n. 3

16 jeudi Avr 2015

Posted by claudiapatuzzi in voyage à Rome

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Borgo Pio, misericordina, pape, sampietrini, voyage à Rome

001_Stazione rossa180  - copie

Quand la Flèche-Rouge touche la gare « Termini », je me sens dépaysée : l’espace et le temps ne coïncident plus ! Pourtant, ce que je vois est tout à fait « réel ». Je peux frôler les colonnes de la gare, flairer l’odeur des sandwiches au jambon encore chauds, réécouter l’accent romain, si familier, dans les voix des haut-parleurs ainsi que des voyageurs, soulever la valise qui sursaute derrière moi, mais il y a quelque chose qui ne va pas… L’air, les gens, les vitrines, tout semble étrangement tordu. Dans mon esprit, je mélange Rome avec Paris ou même avec Naples, une ville chorale et tragiquement vivante, à laquelle je suis liée de façon tout à fait irrationnelle… Rome, au contraire, me dérange. J’ai même peur de l’affronter. Trop de souvenirs et, parfois, trop d’indifférence. Et dans les tréfonds la peur de revoir mon frère et ne plus le reconnaître… j’ai décidé que je ne parlerai pas de lui dans le récit de cet étrange voyage, même si je vais le voir d’ici peu. Pourtant, je penserai toujours à lui…

En descendant sur le quai, je retrouve ma vieille gare aux piliers gris, aux bancs de pierre… mais tout de suite après tout change soudainement. Voilà une magnifique librairie sur deux étages aux baies vitrées, que je n’avais pas vue avant… La Flèche-Rouge aussi, elle n’existait pas « avant »… et ce bar au deuxième étage, entouré de parois en plexiglas… je ne m’en souviens guère. « C’est ici que je suis née ! » me dis-je, en observant les ruines rouges se détachant contre le ciel. « Maintenant, tu es à Rome, chez toi ! Mais où, dans quelle maison ? Mon appartement n’existe plus ! Tout comme mon père et ma mère…»

002_arrivo a Roma 180

Viale Angelico, Rome

Le ciel incroyablement bleu me console. Depuis le bus je revois de biais le fleuve Tevere coulant derrière les maisons peintes en jaune, rose, orange qui lorgnent parmi les platanes. Je respire, émue, la chaude couleur ocre de la rive droite. Après avoir joyeusement surmonté, « à l’italienne », un compliqué problème bureaucratique avec l’INPS (Institut de la Prévoyance Sociale ), nous montons sur un deuxième bus — entouré lui aussi de maisons peintes en jaune, rose-orange couleur de la brique — voyageant en direction du « quartier du Pape » : Borgo Pio…

003_ristorante180

Le restaurant « Eccellenza » à Borgo Pio.

Nous nous accordons une halte d’une heure dans le restaurant « Eccellenza » (1) que deux employés de l’INPS nous ont recommandé comme le meilleur de ce quartier, pas cher, fréquenté par le Pape (quand il était encore cardinal) ainsi que par nombreux évêques.

004_borgo Vittorio180

À la sortie je suis comblée et satisfaite, je cogne pourtant contre une étrange atmosphère. Il me semble tomber dans un petit village du Latium, en dehors de Rome, où tout est « ecclésiastique », presque une ancienne pièce anthropologique sur les usages et les habitudes locales d’un village éloigné du monde, surchargé de boutiques débordantes de symboles religieux ainsi que d’objets étranges ou de mauvais goût …

005_vetrina1-180

… comme cette boutique pour les « évêques », d’une rare élégance…

006_prete180 - copie

… ou comme ce prêtre extrêmement raffiné au col blanc amidonné, habillé en bourgeois, la ceinture et les pantalons noirs. Il semble juste sortir de l’atelier exquis de Valentino ! Sa coiffure lisse et blonde, assez discrète, est équilibrée par le livre ouvert nonchalamment dans les mains… une Bible ? Un Évangile ?

007_borgo clero7392

… ou comme cette autre boutique, « Borgo clero », avec des toges très chic garnies par des fils d’or, ou d’autres couleurs bien adaptées : vert olive, carmin… Il ne manque pas des valises et d’autres nécessités… dans un mélange éclectique en équilibre instable entre le sacré et le profane… Que dirait-il notre Dante Alighieri devant tous ces luxes ?

008_misericordina7387

Plus avant, je suis attirée par une vitrine de petites statues… Le pape nous salue la main levée, tandis qu’une étrange publicité attire mon attention avec ce cœur rouge et cette inscription en bleu : « Misericordina » (une petite miséricorde ? une recette médicale ? un truc diabolique ?).

008_ombrellonesuore180

En direction de Saint-Pierre, la rue, avec ses fameux « sampietrini » (1), s’élargit de plus en plus… tandis que des religieuses se détendent tout en chouchoutant entre elles sous une ombrelle…

008_romani_7395

…tandis que de « véritables Romains », près d’une boutique de souvenirs, (enseigne,) passent leur temps à scruter paresseusement les touristes.

009_furgone con papa7401

Dans une petite place entourée par les anciens remparts, nous découvrons un fourgon de glaces et boissons avec l’image du Pape Giovanni Paolo II, alias Karol Wojtyla. « Quelle soif ! » me dis-je. En ce précis instant une vision divine s’affiche au bout de la place : un « kiosque » ressemblant au chapeau de Mary Poppins !

010_chiosco_7402 Claudia Patuzzi (1) Pierre utilisé pour la première fois pour paver place S.Pierre (1500). Toutes les photos sont agrandissables.

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