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décalages et metamorphoses

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Archives Mensuelles: janvier 2015

« Chez le kiné » (histoires drôles n.30)

29 jeudi Jan 2015

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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asthme, kiné, Paris

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Le cabinet (cliquer pour agrandir)

C’est la première fois que je fréquente, à Paris, le cabinet d’un kiné. On doit tout ça à l’asthme, c’est elle qui me l’a fait découvrir ! Qu’elle soit la bienvenue pour ça !
Peut-être vous ne comprenez pas mon enthousiasme. C’est vrai, l’image du kiné peut réveiller souvent de souvenirs douloureux, mais, dans mon cas, j’ai été tout de suite séduite par un portail vitré humble, presque invisible, ensuite par un escalier très RIPIDO et étroit jusqu’à une porte blanche qui donne sur une chambre gaie et colorée. Un espace très petit plein de dessins, de tableaux, de livres, photos où le kiné, un personnage très petit et vivant , comme un mouche frénétique, court de-ci de-là, d’un pièce à l’autre, d’un patient à l’autre. Son pas redoublé semble pilotée par un horloge accéléré. Je reste en ce petit Eden juste 25 minutes, en écoutant derrière les vitres de toux violentes. Quand j’abandonne le lieu, mon souffle est limpide et doux comme du miel…

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(cliquer pour agrandir)

Claudia Patuzzi

« Madame Bourgeoise » (dessins et caricatures n.28)

23 vendredi Jan 2015

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

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albrecht dürer, barbara dûrer, batignolles, bourgeoise, Charlie hebdo, dessins et caricatures n 28, Jacques Prévert, Librairie de A à Z, Plantu, rue des Moines

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« Madame Bourgeoise », dessin feutre et plume (cliquer pour agrandir)

Je ne me souviens pas quand j’ai dessiné cette dame hors du temps, avec son étrange chapeau plumé, les gants et ces absurdes bottines. Je me souviens par contre en quelle occasion ou, pour mieux le dire, en quel climat elle a paru dans mon esprit. J’étais à Paris depuis peu, engagée dans l’exploration incessante de nouveaux quartiers et atmosphères.

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Batignolles (cliquer pour agrandir)

Un jour, j’ai découvert Batignolles, que j’ai trouvé d’emblée original, pittoresque, élégant avec son parc magnifique… mais, je l’avoue, un peu rétro aussi, comme si le temps y coulait plus lentement qu’ailleurs et que le passé se fût étendu langoureusement dans ses jardins, dans les boutiques arrêtées il y a 20 ou 30 ans pour se garder françaises jusqu’aux détails les plus sublimes… Même les montures des lunettes des dames laissaient transpirer un goût rétro, comme si elles savouraient le temps dans un bar imprégné de soleil…

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La librairie « De A à Z« , rue des Moines, Batignolles (cliquer pour agrandir)

Dans un instant foudroyant, je compris qu’à Batignolles on n’est jamais pressé. Tout existe pour continuer tel quel, sans modification, sans révolution. Même les odeurs sont parfaites, inchangées malgré le temps. Même le soleil reproduit ses lumières et ses ombres par la même beauté méticuleuse et discrète.
Celles-ci étaient mes réflexions (tout à fait relatives) jusqu’au moment où je vis ma mère bras dessus bras dessous avec une amie de son âge, ayant à peu près cinquante ans ou plus, les cheveux crêpés, encore frais de coiffeur. Rien d’extraordinaire, vous diriez ; et pourtant si ! Cette dame avait le même sac de veau souple, typique des années 1960, le même sac de ma mère ! Je regardai autour de moi… comme si j’étais de but en blanc rétrocédée dans le temps… Ma mère ne pouvait pas être là, parce qu’elle était morte ! Et pourtant, je n’étais pas en train de rêver. Partout, il y avait des femmes « bourgeoises » entre deux âges, doublons de ma mère et de ses collègues de l’école. Partout, j’entendais un petit trot de talons solides et élégants, de coiffeurs et têtes crêpées, et, évidemment, de poussettes et de tout petits chiens… J’étais tombée dans un livre de Prévert !

Madame Bourgeoise : « C’est trop facile, pour vous ! Comment expliquez-vous ce tableau que je traîne par-ci par-là depuis des années ? Qui est-elle cette femme ? Je ne fais que flotter au hasard et je n’ai même pas un sac pour mon mouchoir… »

« Chère madame, cette femme est le portrait de Barbara Dürer, mère d’Albrecht Dürer, le grand peintre et graveur de Nuremberg… Mariée à l’âge de16 ans, elle a eu 18 enfants, dont 16 sont morts très tôt, sauf Albrecht et son frère cadet… »
« Elle a dû vieillir à la hâte ! »
« Ah, oui, pauvre femme ! Nuremberg n’était certainement pas Batignolles ! »
Barbara Dürer (en clignant de l’œil) : « Gare à vous, les femmes ! »
Madame Bourgeoise (tout en rangeant le chapeau et la plume) : « J’étais donc en train de vous dire… j’errais dans l’obscurité quand je me suis retrouvée dans un grand boulevard au milieu d’une foule immense. Tout le monde criait une espèce de nom… on aurait dit qu’ils étaient tous des frères et des sœurs, tandis que moi j’étais seule là-dedans, une pauvre figure de papier un peu chiffonnée. Puis quelqu’un a saisi ma main en disant : « Bienvenue parmi nous ! Vous êtes notre sœur ! » Ensuite, de façon inattendue et miraculeuse, j’ai entendu ma voix en train de vibrer… C’était ma véritable voix, et je chantais et je hurlais à tue-tête avec eux… Une grande émotion ! … Et maintenant, me voilà… »

« Portez-moi quelques crayons, madame, j’ai imaginé une surprise pour vous…vous avez le droit à un sac spécial pour cadeau ! »

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L’évolution de Madame Bourgeoise, dessin crayon et plume (cliquer pour agrandir)

Claudia Patuzzi

 

Des échos de « Zérus, le soupir emmuré »

06 mardi Jan 2015

Posted by claudiapatuzzi in zérus, le soupir emmuré

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Des échos de « Zérus, le soupir emmuré »

Très récemment, quelques temps après la publication de « Zérus, le soupir emmuré » sur ce blog, j’ai reçu une lettre d’une cousine de mon oncle Ghislain, Bernadette, que vous pouvez lire ci-dessous, dans laquelle j’ai appris une version du déroulement des derniers jours de Ghislain, un peu différente vis-à-vis de celle dont j’ai écrit dans l’épisode n. 76 (Corinne Tibet) du 13 décembre 2013.

14 novembre 2014

Ma chère Claudia
Édouard vient de m’envoyer ton livre en français. Je l’ai lu en une journée, tant il était passionnant. Pauvre frère Marcel que de souffrance  et pourtant, quand il venait chez nous, il était toujours souriant, et jamais une plainte sur son sort.
Comment des adultes du même sang peuvent-ils être aussi cruels ? J’ai honte pour eux. La misère peut être très grande ! mais il doit toujours y avoir une place pour l’orphelin.
Ce qui est drôle, c’est qu’aujourd’hui, la famille est une vraie mosaïque de couleurs : J. est quarteron ; C. à 2 enfants sans père (non reconnus par leur père) et la dernière est colombienne !!! D. a 2 enfants eurasiens, dont le grand-père est luxembourgeois et la grand-mère hongroise. Mes tristes aïeux doivent se retourner comme des crêpes dans leur tombe !!!
Nous, les enfants, nous savions que frère Marcel gardait un secret (honteux) pour la famille, mais nous étions trop jeunes pour comprendre. (On ne connaissait même pas le terme « bâtard » !)
Ce que tu ne sais peut-être pas, c’est que c’est l’hôpital Saint-Jean de Bruxelles qui nous a téléphoné pour nous avertir que frère Marcel était en clinique. Arrivés, André et moi, à Saint-Jean, on entendait, dans l’indifférence générale du personnel, frère Marcel crier de douleur. André a directement cherché une infirmière qui lui a dit qu’elle avait reçu l’autorisation de commencer les soins palliatifs, mais que le médecin avait oublié de signer cette autorisation ! ! ! C’est l’infirmière en chef qui a autorisé la première piqure de morphine. Après plus d’une heure de discussion, André a téléphoné au couvent pour qu’un frère vienne passer la nuit près de lui. Il lui fut répondu que frère Marcel était un « douillet » C’est donc moi qui suis restée et André est parti à Waterloo pour s’occuper des 4 enfants. Une très gentille dame (1) a téléphoné 2 fois, mais frère Marcel était déjà dans le coma. À 2 h du matin je me suis réveillée en sursaut. J’ai senti un « changement » que je ne peux expliquer…
J’ai cherché l’infirmière. Inconscient, frère Marcel est mort à ce moment-là me tenant la main.
Ces souvenirs me sont revenus quand j’ai appris, par ton livre, l’amour d’enfant qu’il portait à maman. Il est mort tenant la main de sa fille. Encore merci pour ce beau cadeau. J’espère vous voir bientôt. Je vous embrasse tous.

Bernadette

(1) Probablement Corinne Tibet.

P.-S.
Sollicitée par le Tweet de Floz (@Agia31), je suis revenue à une publication de Serge Bonnery sur L’épervier incassable. Dans cette publication, rentrant dans la dissémination du 23 décembre 2013, en plus d’une petite interview, Serge Bonnery avait publié deux épisodes de mon roman « Zérus, le soupir emmuré ».

Claudia Patuzzi

 

Traverser la vie (poésie n. 3)

04 dimanche Jan 2015

Posted by claudiapatuzzi in poésie

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poésie n 3, traverser la vie

001_traverser180(cliquer sur l’image pour l’agrandir)

Traverser la vie
avec l’élan d’un rouge-gorge
comme si c’était une rue
inconnue

Traverser la solitude azurée
d’un morceau de ciel
les pieds sur terre
la tête dans les nuages

Traverser la neige ouatée
à pas feutrés
dans un silence
inconnu

Traverser le temps
sans montre, chancelant
sur le fil subtil
de l’instant

S’envoler enfin, sans ailes
emportés par le vent
légers comme des feuilles
vides comme des pages
blanches.

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(cliquer pour agrandir l’image)

Claudia Patuzzi

Voir aussi :

La petite histoire de l’arbre triplé (Petit éloge de la solidité, poésie n. 2)

Petit vocabulaire de poche (poésie n. 1)

Vie d’une fontaine 1-2 (histoires drôles n. 29 )

01 jeudi Jan 2015

Posted by claudiapatuzzi in histoires drôles

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après 7 et 9 janvier 2015, archanges urbains, Fountaine Boucherat, Je suis Charlie, Marais, quatrième métamorphose, rue Béranger, rue Charlot, rue de Turenne, Temple

001_rue charlot intera180

La fontaine entre rue Charlot et rue de Turenne (Temple)

Depuis deux ou trois ans, tous les jeudis je me rends dans un bistrot au cœur du IIIe arrondissement où se donnent rendez-vous les membres d’un cercle littéraire dont je fais partie. Chaque jeudi matin, qu’il y ait le soleil, la pluie ou la neige, je parcours — si la bronchite m’y autorise — la rue Béranger (1) jusqu’au croisement entre rue de Turenne et mon adorée rue Charlot. Chaque fois, je m’arrête à regarder une gracieuse fontaine à sec avec une inscription au-dessus, « fontaine Boucherat » ne faisant qu’un avec une affiche récemment ajoutée : les livres sous le bras, un garçon d’à peu près douze ans est en train de se rendre à l’école. Apparemment, on est à l’époque où l’on appelait Paris « ville lumière ». Avec le temps, je me suis attachée à cette image s’harmonisant si bien avec la vieille fontaine. Moi-même, à combien de jeunes connus dans mon lycée suis-je encore liée ! La mémoire à la force impétueuse d’une fontaine inépuisable…Chaque fois, au croisement, je cherchais le garçon aux bottes, son paletot plein de boutons, son béret et son cartable en bandoulière. Jusqu’au jour de 2013 où j’ai sursauté, interloquée.Du jour au lendemain, au petit étudiant zélé on avait enlevé la tête !

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Des inscriptions indéchiffrables de peinture blanche salissaient le paletot noir. La botte droite avait été arrachée avant d’être recouverte par une autre inscription. Quant à la tête, il ne restait que le menton…

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En 2014, l’état de l’affiche a progressivement empiré. Peu de temps après, tandis que les passants commençaient à s’inquiéter de sa survie, ce « tableau vivant » était visiblement à bout de souffle. Une main inconnue (la même qu’auparavant ?) avait déchiré la partie inférieure du paletot, tandis que d’autres minuscules affiches — un carré vert sur le cœur de l’enfant et un petit blason rouge à la place de sa tête — abîmaient la petite veste et la fontaine… Mais le vandale inconnu, encore insatisfait de son œuvre, avait ajouté, derrière le paletot de ce pauvre garçon, une fleur en forme de queue, à son tour détendue sur un visage féminin. Juste une ébauche à peine esquissée… Et je n’arrive pas encore à comprendre cette inscription… : « DISGRAOe » ?

004bis_part.senza testa180. - Version 2Voilà une vision rapprochée du troisième stade — assez proche à la mort humaine !

005_douple face vetro 180

Mais notre vie, avec le temps et les années — …2013, 2014, 2015… — ne subit-elle pas, elle aussi, jusque dans ses chairs les plus délicates et intimes, d’horribles blessures, d’obscures déceptions ? Lorsqu’il s’agit de découvertes que nous voudrions oublier, de mots que nous n’aurions pas voulu entendre, de corps que nous n’avons plus la force de regarder… ? Ne serai-je pas, moi aussi, une affiche défigurée par la violence de l’homme et du temps ? Non, je ne me laisserai pas réduire comme ce pauvre petit écolier, comme cette pauvre fontaine une fois si belle, maintenant défigurée et à sec ! J’observerai les autres vies au-delà de la vitre et je rêverai, comme cette enfant à la robe céleste… Je demeurerai en équilibre précaire sur un gouffre, protégée par des chaussures solides, comme cette jeune femme sans crainte. Enfin, je lèverai la tête et je hurlerai, je hurlerai, je hurlerai…

006_Font-180 BoucheratoriginariaNO

(Les photos sont toutes agrandissables)

UN BON 2015 À TOUS !!!!!

Claudia Patuzzi

(1) La rue Béranger est une rue situé à l’extrémité nord du quartier du Marais, proche de la place de la République.

P.S. Après les tragiques évènements de 7 et 9 janvier 2015, la fontaine Boucherat  a subi un nouveau changement, témoigné par la photo suivante : 

fontaine180 avec Charlie 2

(cliquer pour agrandir la photo)

On assiste à une double métamorphose : à droite on voit l’inscription « archanges« , au centre un ange, et, à son coté le mot « URBAINS » (archanges Urbains ?); On y reconnaît aussi l’expression « Je suis Charlie » et, sur le fond bleu foncé, d’étranges objets volants… des bombes ? des missiles? des voyages imaginaires dans le futur ? Un cri de douleur? Une espérance ?

Même si l’histoire emmène des changements soudains, Paris continue à vivre « sa nuit » dans un mouvement incessant. Si on fait attention, on peut entendre partout – dans le métro, dans les rues, dans les jardins – le piétinement de pas invisibles, des mouvements feutrés et glissants, le froissement de pinceaux en train d’accrocher des affiches sur les murs déchirés, dénudés et, finalement, métamorphosés… La nuit est grande. La nuit est profonde. Étrangement longue pour ceux qui rêvent plongés dans leurs désirs ou qui n’arrivent jamais à dormir… Combien de pas se faufilent au-dessous des arches et de galeries, à côté des égouts ! Combien d’ombres, de douleurs et de songes se cachent derrière cette vie noire et inconnue !

Claudia Patuzzi (8 février 2015)

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