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décalages et metamorphoses

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Archives Mensuelles: mars 2014

Le placard de Calvino/2 – dialogues imaginaires n. 2

30 dimanche Mar 2014

Posted by claudiapatuzzi in dialogues imaginaires

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Cafards, Christopher Walken, femme de chambre, Giacomo Leopardi, La fourmi argentine, Lavinia Tolco, le nuage de smog, le placard de Calvino, Zucchet

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juin 1985. Décor : un appartement au dernier étage avec terrasse, dans le centre de Rome, place du Campo Marzio, près du Panthéon.
 Une grande chambre avec deux fenêtres sur rue ; une bibliothèque tout au long des parois ; trois tables surchargées de livres, ainsi que de journaux, de feuilles pour écrire, une machine à écrire, une bouteille d’eau, un verre ; deux chaises ; un fauteuil avec un plaid écossais ; un placard avec deux portes.
Personnages : Italo Calvino, la femme de chambre madame Lavinia Tolco et Monsieur Pandolfi, agent de désinsectisation de la Société Zucchet.

00 h 11
Avec un aspirateur à la main, une femme en tablier est en train de faire le ménage, lorsqu’Italo Calvino entre.
— Bonjour, Madame Lavinia, avez-vous nettoyé le placard ?
— Oui, Monsieur Calvino.
— En avez-vous trouvé ?
La femme enlève sa pelle en plastique : — j’en ai trouvé quatre, ils sont vraiment costauds !
Calvino s’approche d’elle : — rien que quatre ? Moi, j’en ai vu six ! Êtes-vous sûre que vous avez bien regardé ?
— J’ai fait tout ce que vous m’avez dit ! Maintenant, le placard est complètement vide, lavé et désinfecté de fond en comble.
Le front soucieux, Calvino susurre : — et le sac du linge sale, où est-il ?
— Il est là tout prêt auprès de la porte. Puis-je m’en aller, maintenant ?
— Apportez-le tout de suite à la laverie automatique, s’il vous plaît…
Quand la porte se referme, Calvino se dirige vers le placard. Il appuie son oreille contre une des deux portes. On n’entendait aucun bruit, heureusement. Pendant un instant, il demeure silencieux, puis, avec circonspection, il ouvre les deux portes en faufilant la tête à l’intérieur.
— Voilà, les cafards ont disparu, et Giacomo Leopardi a disparu aussi ! Si je pense qu’il voulait emmener l’Arioste et le berger errant de l’Asie ! il s’exclame, soulagé. Puis, comme foudroyé, il s’arrête au milieu de la chambre : — mon dieu, peut-être je vais devenir fou… c’est la faute de ces bénites Leçons américaines…

14 h 30 : début d’après-midi
Quelqu’un frappe à la porte : — qui est-il ?
Madame Lavinia entre dans la chambre avec une tasse de café, qu’elle la pose sur la table. Ensuite, elle sort.
Calvino saisit nonchalamment la tasse avant de s’accouder à sa fenêtre. La chaleur de la boisson le calme, tandis que la rue c’est une alternance de sourds bruissements, d’appels, de rires explosifs, ne faisant qu’un avec le son des cloches, des klaxons ainsi que le vrombissement sauvage des scooters et des motos. Le ciel bleu c’est une volière.
« Toujours le même chaos romain… » Les yeux sur la montre, il s’assoit à son bureau. « Mon Dieu, il est déjà tard, je dois m’occuper des conférences américaines… » pense-t-il, tout en empoignant un volume relié. Juste à ce moment-là, un gros cafard sort du sucrier, se faufile au-dessous de la serviette en papier, glisse sur la table, frôle la bibliothèque à grande vitesse avant de se couler sous le placard. Entre-temps, un deuxième cafard, encore plus gros, court furtivement sur la chaise tout en frôlant un doigt de l’écrivain, avant de descendre à terre à la vitesse du son et se diriger lui aussi vers le placard…
— Lavinia ! hurle Calvino.
— Oui, qu’y a-t-il ? dit la femme ouvrant grand la porte.
— Téléphonez tout de suite à la Zucchet, il est urgent !
— Sont-ils retournés, donc ?
— Oui, j’en ai trouvé deux autres, mais ils se sont sauvés…
« C’est pire que dans l’Enfer de Leopardi, dominé par les rats, les écrevisses et les grenouilles… ou, pour mieux dire, c’est comme son beau jardin souffrant ! Ou alors comme l’invasion de ma fourmi argentine… Ce sont les spéculations immobilières… c’est le nuage pollué… les réacteurs nucléaires… Le monde est en train de se déformer ! » NOTE 1
— LAVINIAAA !
— Qu’y a-t-il ?
— Avez-vous téléphoné à la Zucchet ?
— Oui, il vient d’arriver !
— Qui ?
— Le mec de la Zucchet, il est déjà là !
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La porte s’ouvre soudainement. Une petite voix de stentor s’impose :
— Bonjour monsieur Calvino, je suis un agent de la Zucchet ! Je m’appelle Pandolfi, mieux connu comme la « flèche », ricane le petit homme aux narines palpitantes.
— Ravi de vous connaître, murmure Calvino, tout en demeurant interloqué vis-à-vis de cette « chose » évoquant un insecte semi-humain et semi-mécanique : une hybridation entre une sauterelle et un explorateur sous-marin, ou plutôt entre un câble électrique et une blatte géante…
« Voilà, j’ai trouvé ! se réjouit-il. Il ressemble comme une goutte d’eau à l’acteur Christopher Walken dans le film « La Souris » ou « Ne réveillez pas une souris qui dort » (1997) NOTE 2.
Après une rapide étreinte de la main, l’homme endosse une espèce de masque et, muni d’un extincteur, se glisse silencieusement dans le placard tout en refermant les deux portes. Peu de temps après, la chambre est transpercée par un long sifflement, évoquant une fuite de gaz. Il se suit une séquelle de bruits secs et déterminés, telles des gifles rebondissant contre les murs.
— Ça va ? Vous allez bien ? demande Calvino, inquiet. Mais, où s’est-elle cachée, Lavinia ?
Quinze minutes après, le placard est étrangement immobile. Dans la chambre, le silence est absolu, même glaçant. De Monsieur Pandolfi, agent flèche de la Zucchet, on n’entend aucun signe de vie.
« Mais pourquoi je suis seul toutes les fois que j’ai besoin d’aide ? » pense Calvino, en s’approchant prudemment au placard… Il s’arme de courage et entrebâille une porte, juste une fissure, pour jeter un œil à l’intérieur… Tout d’un coup, au milieu d’un bruit de pas accélérés on entend une respiration haletante et finalement une voix familière, s’écriant : — y a-t-il quelqu’un, là ? On arrive !

Claudia Patuzzi

NOTE 1 : Voir « La fourmi argentine » et « La nuage de smog », deux contes-morales, où le « mal de vivre » vient de la nature, publiés ensemble chez  les éditions Einaudi, dans la collection « Coralli », n. 221, 1965.

NOTE 2 : Pardonnez-moi cette « licence poétique » : Calvino n’a pas pu voir ce film (1997), car il est mort bien avant. Je me suis autorisée à le citer en l’honneur de l’Arioste, un des poètes préférés de Calvino, qui dans son incontournable Roland furieux avait allègrement introduit un « archibugio » bien avant son invention (quitte à se corriger en le jetant à la mer).

 

Utrillo (dessins et caricatures n.3)

28 vendredi Mar 2014

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

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dessin de Claudia Patuzzi, dessin n.3, Maurice Utrillo, peintre

Voilà mon troisième dessin :

002_Utrillo180 - Version 2

Maurice Utrillo : dessin de Claudia Patuzzi ( cliquer sur l’image pour l’agrandir )

Pour quelle raison ai-je dessiné ce portrait sans date ? Pourquoi ai-je choisi Maurice Utrillo au lieu de Van Gogh, mon peintre préféré tout au long de mon enfance piégée par la peur du noir ?
Je ne réussis pas à m’en souvenir avec exactitude. À cette époque, j’étais très jeune. Seize ou dix-sept ans au maximum. C’était à cause de ce pli gravé sur la joue, de ces yeux fuyants cherchant ailleurs ? C’était le souvenir d’un tableau, magiquement plongé dans la neige de Montmartre ? Oui, c’était cette ruelle en descente, ces maisons, ces arbres, ce silence ouaté, ce quartier aussi différent vis-à-vis des nôtres…
Ce paysage est peut-être le reflet d’une personnalité unique…
Mais, où le trouverais-je, ce visage sillonné par la souffrance ?
Même s’il est passé beaucoup de temps, d’une chose je suis sûre : je garde toujours ma passion sincère pour les visages, pour les regards avec leurs secrets.

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Claudia Patuzzi

Le placard de Calvino/1 : un étrange appel – dialogues imaginaires n. 1

23 dimanche Mar 2014

Posted by claudiapatuzzi in dialogues imaginaires

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Antonio Ranieri, Giacomo Leopardi, le placard de Calvino, Lezioni americane, Ludovico Ariosto, pastore errante, Piazza del Pantheon, Roma 1985, San Remo, Villa Meridiana

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Été 1985. Décor: centre de Rome, place du Campo Marzio, près du Panthéon.
Une chambre avec une fenêtre sur rue ; une bibliothèque, trois tables surchargées de livres, ainsi que de journaux, de feuilles pour écrire, une machine à écrire, une bouteille d’eau, un verre, deux chaises ; un fauteuil avec un plaid ; un placard avec deux portes.
Personnages : Italo Calvino et Giacomo Leopardi.

Calvino est en train de scruter une rue en dehors de la fenêtre qu’en réalité il ne voit pas. En ce moment-là, il est encore dans la maison de son enfance à San Remo. Il n’est plus un enfant, tandis qu’il n’est pas encore un homme. Il est un être anarchique en train de courir dans le jardin luxuriant de la Villa Meridiana,  …en direction du profil austère de sa mère, concentrée dans la lecture. Elle tourne sa tête en lui souriant pendant un instant. En ce début d’après-midi, il est déjà prêt à fuir en cachette pour se rendre au cinéma. Il a treize ou seize ans… Il se sauve dans la salle presque vide, les jambes allongées sur le dossier devant lui. Il peut ainsi se réjouir plus confortablement du film, en nourrissant ses rêveries avec ce monde de Hollywood peuplé d’étoiles comme Jean Harlow, Fred Astaire, Gingers Roger ainsi que Myrna Loy avec son chien Asta…
Calvino appuie la main sur son front pour se concentrer. En hiver, quand il sortait du cinéma — tout en se balançant entre la réalité et les rêves — il était surpris par la lumière des réverbères et la couleur assombrie du ciel. Une véritable frontière séparait deux temps et deux mondes différents : ce qui restait à l’intérieur et ce qui se trouvait désormais au-dehors ; le monde imaginaire et le monde réel…
Il s’éloigne de la fenêtre en soupirant, comme s’il sortait de l’un de ces films, ensuite il retourne à sa table pour avaler une gorgée. Cette fenêtre ressemble au grand écran de San Remo ; à l’intérieur de ce rectangle, il peut saisir au vol une tranche de sensations s’étalant dans la profondeur, tout en entrelaçant sa vision géométrique de l’espace avec la réalité pulsante de la rue… Cette fenêtre l’aidait à amadouer ses émotions tout en regardant le monde avec les yeux du passé.
« J’avais la maladie du pur spectateur, j’étais un entrepôt de sensations cristallisées dans des souvenirs… jusqu’au moment où tout est fini. En 1938, du jour au lendemain on a imposé la censure… ensuite il y a eu la guerre… Au temps du cinéma de San Remo, je ne connaissais pas encore le charme des livres, de la littérature… » murmure-t-il dans la chambre vide, tout en ouvrant un livre.
— Hé !
Quelqu’un l’appelle. Calvino se retourne. La porte de la chambre est fermée. Il l’ouvre. Personne. Il la referme. Il écoute avec attention : il n’y a pas de bruit. Lorsqu’il rouvre la fenêtre, il croit voir le square Châtillon, la Tour Montparnasse, un gratte-ciel… « Où suis-je ? À Turin ou à San Remo ? À Paris ou à New York ? Ou alors… »  Un scooter vrombit dans le coin. Petit à petit, le silence revient…
— Hé, Monsieur !
— Qui est-ce ?
Maintenant, il a compris d’où vient cet étrange appel : du placard ! Il s’approche avec circonspection, ouvre l’une des deux portes et regarde à l’intérieur. Dans un angle, parmi les vêtements et les paletots, il n’y a qu’un amas de linge sale pour le teinturier. Soulagé, il revient à son poste, s’assied, reprend la plume et la feuille : — Ouf, ces leçons américaines ! Elles n’en finissent jamais… pensa-t-il à haute voix tout écrivant le mot « exactitude ».
— Hé !
Calvino se dirige à nouveau vers la fenêtre. Peut-être, quelqu’un est en train de l’appeler depuis la rue. Lorsqu’il sort la tête dehors il est conquis par le brouhaha de cette vie frénétique et mystérieuse ne cessant de fourmiller dans la place là-bas ; il est fasciné par ces gens indifférents à tout, tandis qu’il se trouve piégé par cette obligation d’écrire en avance pour des conférences qui se dérouleront dans le millenium qui vient… Pour se dérober à cette étrange sensation, il lève le regard vers le ciel, traversé par des oiseaux grands et petits : des mouettes, des pigeons… « Qu’ils soient maudits, les pigeons ! Ils vont souiller mon balcon… » Quand il se réveille de ses fantaisies, il regarde sa montre avec inquiétude. « Je dois reprendre mon travail », murmure-t-il.
— Hé, Monsieur Calvino !
Cette fois-ci, il n’a pas de doute sur l’origine de ce son : une voix l’a appelé par son nom ! Après quelques instants d’incertitude, il va vers le placard. Tandis qu’il ouvre la seconde porte, la montagne des vêtements sales se lève et s’approche de lui.
—   Pardon… Ne me reconnaissez-vous pas ? Je suis Leopardi !

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—   Leopardi ? Le comte Giacomo Leopardi, le grand poète de Recanati ?
— Exactement, « celui qui donnait de l’importance à la légèreté » ! Ce sont des mots à vous ! Vous, qui m’avez jugé « capable d’enlever tout poids au langage, jusqu’à le rendre tout à fait ressemblant à la lumière de la lune ». N’êtes-vous pas en train d’écrire justement cela, maintenant ?
— Mais vous m’avez bouleversé, Comte ! Que faites-vous, ici ? Comment est-ce possible ?
— Oui, je le sais, je suis mort depuis 148 ans ! Cependant, rassurez-vous, je ne pue pas. Donnez-moi une chaise, s’il vous plaît ! Et une couverture aussi, car je suis tout gelé !
Leopardi observe la chambre avec admiration, tout en s’exclamant : — vous en avez de tables, hein !
En lui offrant une chaise, Calvino, passe la couverture sur ces épaules illustres.
— Ça va mieux ? Voulez-vous un verre d’eau ?
— Je vais beaucoup mieux, merci. N’avez-vous pas un petit four, par hasard ?
— Je suis désolé… non…
—Dommage ! Là, dans l’enfer d’où je viens, je ne mange que du fromage. Et toujours le même fromage. Vous voyez, c’est aussi banal que déconcertant !
Abasourdi, Calvino observe son vis-à-vis sans parler. Leopardi s’assied, boit bruyamment, essuie ses lèvres avec le mouchoir sale. Ensuite, il dit :
— Je suis venu pour vous remercier !
— Moi ?
— Pour tout ce que vous avez écrit à propos de ma « légèreté », de mon « exactitude » et de ma prodigieuse « vitesse », tandis que, je dois vous avouer, je boite !
— J’en suis honoré.
— Personne ne m’a compris.
— C’est vrai. Cela est arrivé à moi aussi.
— Toujours la même « colline » et la même « fillette », ainsi que la ritournelle au sujet de mes maladies et de mon pessimisme. Personne n’a eu un tempérament plus gai que le mien. C’est terrible et awful la puissance du rire. Celui qui a le courage de rire est le maître des autres, comme d’ailleurs celui qui n’a pas peur de mourir ! [1] (Giacomo Leopardi, « Zibaldone », 23 settembre 1828, vol. II, p.4.390, Oscar Mondandori, 1972 ; Éditions Allia, Paris, 2003, p. 2000.)
— Mais, pourquoi êtes-vous venu jusqu’ici, chez moi ?
— Parce qu’on a fait circuler d’affreuses rumeurs à propos d’Antonio Ranieri et moi !
— Quelle importance peut-il y avoir pour un poète, un philosophe, un auteur désormais classique comme vous ! N’oubliez pas votre amour pour la vérité ni votre penchant pour l’ironie…
— Calvino, attention : je connais moi aussi votre « double vue » et votre ironie rêveuse !
—   Eh oui, quand on se trouve écornés, dans ce monde, il faut se dédoubler et en même temps se balancer, en cherchant un équilibre, de plus en plus difficile, entre présent et passé, entre les idéaux et la réalité… un équilibre basé sur le minimum possible, sur l’essentiel ; peut-être sur le pouvoir du rire, d’un rire léger comme celui de Sterne…
—   Et de l’Arioste
— Que de coïncidences !
— Nous avons beaucoup de points en commun, nous deux. Jusqu’au moment où, un beau jour, nous nous réveillerons en face d’un Enfer qui sent le fromage…
— Ou dans une ville invisible.
— Ou en Asie, avec le berger errant ! « Che fai tu, luna in ciel ? dimmi, che fai, silenziosa luna ? »
— Et le château des destins croisés ?
— Oui, cela aussi. Mais, attendez un moment ! Venez avec moi dans le placard, je veux vous présenter l’Arioste
— J’ai froid. Et vous ?
— Moi aussi. Un peu…
Calvino ferme la fenêtre. Quand il se retourne vers Leopardi, celui-ci a disparu. La chaise est vide. « Zut, il a emprunté ma couverture ! » Le placard aussi est vide. Il court à nouveau vers la fenêtre. « Peut-être il est sorti par la porte cochère… », pense-t-il, tout en observant le trottoir envahi par le piétinement des passants. On entend le vrombissement d’un scooter s’ajoutant au son des cloches, ainsi qu’un mouliné d’ailes en vol. « Mon Dieu ! », se dit Calvino, le coeur effondré, « je ne suis pas à San Remo ni à Paris. Je suis à Campo Marzio, à Rome ! »

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…entre-temps, Leopardi, par de petits pas rapides, vient d’atteindre le Panthéon, ses Classiques.

Nota 1 : Giacomo Leopardi, « Zibaldone », 23 settembre 1828, vol. II, p.4.390, Oscar Mondandori, 1972;  Éditions Allia, Paris, 2003, p. 2000.

Claudia Patuzzi

P.S. L’article a été publié en italien dans mon blog « scarti e metamorfosi« 

Le dictateur (dessins et caricatures n. 2)

21 vendredi Mar 2014

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

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Côme beron de rondeau, Charlie Chaplin, déssins n.2, despotisme, dictature, Gallimard, indice de démocratie, italo calvino, Le baron perché, le dictateur, Michel de Montaigne, traduction Juliette Bertrand

dittatore180

Le dictateur, dessin de Claudia Patuzzi
(cliquer sur le dessin pour l’agrandir )

– Monsieur mon père, bonjour.
– Bonjour, mon fils.
– (…) Je suis heureux de vous voir en in si bon état.
– Je te retourne ton compliment. J’ai entendu dire que tu t’employais pour le bien commun.
– La sauvegarde de forêts qui m’abritent me tient à cœur, Monsieur mon père.
– Sais-tu qu’une portion du bois est notre propriété ? Nous l’avons héritée de feu ta pauvre grand-mère Élisabeth .
– Je sais, Monsieur mon père. Au lieu dit Le Beau-Ru. Il s’y trouve trente châtaigniers, vingt-deux hêtres, huit pins et un érable. Et c’est en tant que propriétaire  de bois que j’ai tenu à associer tous ceux que leur conservation intéressait .
– (…) Je me suis laissé dire que c’est une association de boulangers, de maraîchers et de maréchaux-ferrants.
– Eh oui, mon père. Toutes les professions sont représentées, pourvu qu’elles soient honnêtes.
– Sais-tu que tu pourrais commander en suzerain à la noblesse, avec le titre de duc ?
– Je sais que lorsque j’ai plus d’idées que les autres, je donne mes idées, pour peu qu’on les accepte : voilà ce que j’appelle commander.
Le Baron avait sur le bout de langue : « Et pour commander, ai jour d’aujourd’hui, la coutume est de siéger dans les arbres ? » Mais à quoi revenir sur cette histoire ?  Il soupira, absorbé dans ses pensées. Puis il dégrafa le baudrier auquel était suspendue son épée : – Tu as dix-huit ans, dit-il. Il est temps qu’on te considère comme un adulte. Moi je n’ai plus longtemps à vivre – et, de deux mains, il tenait son épée à plat -, tu es Baron du Rondeau, t’en souviens-tu ?
– Monsieur mon père, je n’ai pas oublié mon nom.
– Seras-tu digne  de ce nom et du titre  que tu portes ?
– Je ferai tout mon possible pour être digne du nom d’homme et de tous ses attributs.
– Prends cette épée : mon épée.
(…)
– Monsieur mon père, merci. Je vous promets d’en faire bon usage.
– Adieu, fils.
Le Baron fit tourner son cheval, tira légèrement sur rênes et s’éloigna avec lenteur.
Côme se demanda un instant s’il ne devait pas saluer de son épée. Puis il réfléchit que son père l’avait armé pour le combat, non pour de gestes de parade ; et il laissa l’épée dans son fourreau.

Chaplin740 Version 2

* * *

« Sur le plus beau trône du monde, on n’est jamais assis que sur son cul. »

« Anche sul trono più bello del mondo, non si sta seduti che sul proprio culo . « 

( Michel de Montaigne, 1533-1592, Essais, III, 13 )

le baron perché002 400

(Italo Calvino, Le baron perché, chapitre XIV, Gallimard- collection folio, nouvelle édition révisée, 2001, traduction de l’italien par Juliette Bertrand, revue par Mario Fusco, pp. 196-97 )

Claudia Patuzzi

Symbiose (dessins et caricatures n. 1)

13 jeudi Mar 2014

Posted by claudiapatuzzi in dessins et caricatures

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Bucoliques n.6, Dante Alighieri, dessin de Claudia Patuzzi, dessin n.1, Divine Comédie, Guitry, invective, la mère et le petit fils, Le Paradis chant XXVII, Paradiso, symbiose, Virgile

En rangeant mes livres et mes bibelots dans mon bureau, je me suis aperçue de l’existence d’une petite collection de dessins jaillis au fur et à mesure au cours des années. J’ai décidé de les partager avec mes lecteurs par le biais d’une nouvelle catégorie : « dessins ». Je ne suis pas sûre qu’il soit toujours nécessaire de commenter tous les dessins publiés par des textes plus ou moins longs. Cela se déroulera selon mon inspiration du moment.

 Voilà mon premier dessin. : « Symbiose »

simbiosi180

Déssin de Claudia Patuzzi : la mère et son petit fils (cliquer pour agrandir l’image)

1.

« Foi et innocentez se trouvent seulement
chez les petits enfants, puis elles s’enfuient
avant que leurs joues soient couvertes.

Tel jeûne, encore balbutiant,
qui dévore ensuite,  à langue déliée,
n’importe quels mots par n’importe quelle lune,

et tel, balbutiant, aime et écoute
sa mère, qu’avec tout son langage
il désire  ensuite voir ensevelie  »

(Dante Alighieri, Paradis, chant XXVII, Invective contre la corruption de l’humanité « , traduction de Jaqueline Risset, vv. 127-135)

 » Fede e innocenza son reperte
solo ne’ pargoletti; poi ciascuna
pria fugge che le guance sian coperte.

Tal, balbuzïendo ancor, digiuna,
che poi divora, con lingua sciolta,
qualunque cibo per qualunque luna;

e tal, balbuzîendo,  ama e ascolta
la madre sua, che, con loquela intera,
disîa poi di vederla sepolta »
(Idem, Paradiso, vv; 127-135)

2.

« Incipe, parve puer,  risu cognoscere matrem » ( Virgile, Buquoliches, VI, v.60 )

« Comincia, piccolo fanciullo, a riconoscere con un sorriso la madre… » (idem.)

3.

« On les a dans les bras – puis un jour sur les bras – et bientôt sur le dos » (S.Guitry, acteur et dramaturge, 1885-1957, Elles et toi )

« Li abbiamo in braccio – poi un giorno sulle braccia – e presto sulle spalle  » (Idem)

famiglia180 - Version 2

(cliquer sur la photo pour l’agrandir)

Claudia Patuzzi

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